vendredi 26 avril 2024

Ecriture : point de passage en avril 2024


 

Ce début d'année a été assez productif jusqu'ici et je fais un petit bilan maintenant avant de rentrer dans l'habituelle zone de turbulence des mois de mai-juin. 

 

La relecture de B.A.S.C.

J'ai fini mon projet B.A.S.C. en début d'année. Après avoir laissé un peu reposé le manuscrit, je me suis mis à sa relecture ces dernières semaines. J'approche du quart du texte relu. Mes objectifs sont nombreux sur cette relecture : comme j'ai écris sur une longue période avec des modifications en cours de route sur le scénario, j'essaie d'harmoniser le style, de m'assurer que l'intrigue n'est pas partie dans tous les sens, d'ajuster les arcs des personnages pour que cela soit cohérent avec la fin plus présente dans mon esprit.

Jusque-là, je n'ai pas levé les yeux au ciel pour m'écrier : "je ne souvenais plus de ça !" ou "bordel, que c'est mauvais !". C'est déjà ça. Je vais prêter une attention particulière à l'intrigue policière, afin d'être sûre qu'elle reste tout au centre du récit. J'en ai vraiment fait un polar super-héroïque qui se déroule à Strasbourg et ses alentours, je dois m'assurer de ne pas dévier de cette ligne.


Le nouveau roman dans l'univers d'ELLEO prend forme

Je parle depuis quelques temps déjà de ce projet qui me faisait envie ces derniers mois, j'ai lâché les chevaux pour voir où cela m'emmenait. J'approche des 200 000 signes et en même temps de la moitié du récit. J'ai repris ma technique habituelle où j'avance entre les parties sans me soucier d'une écriture chronologique. Ça fonctionne bien pour l'instant, j'y prends beaucoup de plaisir. .

L'intrigue pourrait tenir en ces quelques mots : "Lucius est un aventurier qui récupère des objets dédiés aux dieux. Lorsque Jules César l'engage pour retrouver une fibule liée à Vénus qu'on lui a volé, il s'engage dans un périple en Gaule sur la trace de l'objet."

Comme dans le premier roman de l'univers, j'ai découpé l'intrigue en trois parties à peu près égales. Lucius ne sera pas le seul personnage principal, ils seront trois à se partager la tête d'affiche avec également Abegnia, une jeune gauloise qui a envie d'aventure, et Titus Labienus, jeune officier travaillant aux côtés de César. 


Deux salons prévus au mois de juin 2024

Je me prépare doucement pour deux salons que j'assurerais au mois de juin prochain :

- Le salon Metz for Fiction, adossé au Championnat de France de sabre laser, qui aura lieu les 8 et 9 juin 2024 aux arènes de Metz.

- La convention Geek Unchained qui aura lieu au Parc expo Mulhouse les 15 et 16 juin 2024.

vendredi 29 mars 2024

Vu : Dune 2e partie de Denis Villeneuve

J'en finis avec mon périple dans les dunes d'Arrakis en vous livrant cet avis sur Dune deuxième partie de Denis Villeneuve.


Dune 2 Denis Villeneuve Affiche française


Après la réussite du premier épisode, Dune nous revient avec une continuité formelle, mais une narration différente. Denis Villeneuve livre cette fois un film plus dense, plus sombre, autour d’un scénario qui a tendance à exacerber ses qualités et ses défauts. Retour sur Arrakis, juste après la mort du Fremen Jamis…

 

ATTENTION : cette chronique contient des spoilers !

 

En quelques secondes, Dune deuxième partie reprend la conclusion dramatique du film précédent : la princesse Irulan rappelle l’élimination des Atréides alors que l'on assiste à la carbonisation des corps des vaincus. Un aigle de la maison de Caladan fond en gros plan, première scène marquante d’une très longue série.
Denis Villeneuve poursuit la réussite formelle du premier opus, multipliant les plans signifiants ou les séquences visuellement soignées. Dans la clarté du soleil, le voile d’une tempête, l’obscurité d’une caverne, il ne cesse de flatter la rétine pour iconiser son univers et ses personnages. C’est à ce point réussi qu’on aimerait à plusieurs reprises se lever et faire pause afin d’observer l’image en détails. Sur la durée, la puissance visuelle ne se dément jamais. Elle se complète d'effets spéciaux très réussis et d'une musique qui contribue particulièrement à l'ambiance générale.


 

Harkonnen burns Atreides and the Sietch

Cette force se prolonge dans le propos du film. La réalisation appuie l’émergence du messie qui est au cœur de l’histoire. Paul Atréides suit un parcours initiatique et dramatique qui va le conduire exactement là où il ne voulait pas aller. Programmée pour devenir le Kwisatz Haderach, il va tout tenter pour l’éviter avant s’y piéger. Le poids de la destinée de son personnage principal se retrouve dans les plans écrasants, les jeux d’échelle.
Son itinéraire de héros n’est pas surprenant dans la forme, mais plutôt dans sa radicalité : s’il résiste un temps au destin qu’on veut lui écrire, Paul l’embrasse totalement au moment où il lance à sa mère : « We’re Harkonnens. This is how we will survive. By being Harkonnens. » (« Nous sommes des Harkonnens. C’est ainsi que nous survivrons. En étant des Harkonnens. »). A partir de cet instant, Paul ne va jamais dévier, jamais hésiter. C’est assez rare tant les valses hésitations des personnages principaux sont la norme ces dernières années. Si l’on compare son choix à celui d’Anakin Skywalker dans la Prélogie Star Wars, on constate que leurs parcours sont communs (des visions les poussent à agir pour éviter un destin écrit), mais qu’Anakin bascule avec hésitation, là où Paul tranche immédiatement et n’hésitera plus. A partir de là, les deux suivront un itinéraire similaire et perdront la femme qu’ils aiment pour acquérir le pouvoir qu’ils convoitent. Mais là où Anakin paiera dans sa chair son ambition, Paul obtiendra presque tout ce qu’il convoitait.


 Paul Atreides vs Feyd Reutha Harkonnen


Pour prolonger ce parallèle, la notion d’Élu et de Messie est au cœur du dispositif narratif de Dune deuxième partie. A mi-chemin, le film décide de s’attarder sur les Bene Gesserit qui œuvrent pour tenter de garder sous contrôle la galaxie. Ce groupe de femmes très puissantes, avec la Révérende Mère et la fille de l’Empereur, tente d’organiser le choix du remplaçant de l’Empereur.
Pendant ce temps, sur Arrakis, Jessica est devenue la révérende mère des Fremens et elle fait tout pour que son peuple croit en la prophétie d’un sauveur, construction des Bene Gesserit. Le scénario dessine ici les contours de l’utilisation de la religion à des fins politiques. Il est très surprenant que le studio Warner ait laissé intact le propos, qui pourrait être mal interprété vu la proximité entre l’imagerie Fremen et celle du monde musulman (ça s’arrête d’ailleurs à la surface, mais il a suffit de moins pour créer des polémiques).  Les Fremens sont finalement des victimes, programmés sur des générations pour croire en un mythe supérieur avant d’être utilisée comme chair à canon dans une guerre ultime. Il est appréciable d’avoir nuancé le propos autour de ce peuple, entre les intégristes (dont Stilgar représente la caricature, qui est en train de devenir une usine à mêmes) et la jeune génération qui attend plutôt un meneur issu de leurs propres rangs.  
J’aime beaucoup quand le cinéma essaie de s’emparer de thèmes universels comme notre histoire, la création des mythes. La science-fiction est un terreau fertile pour de tels sujets. C’est une des raisons qui me font aimer les Star Wars de Georges Lucas. Dune parvient à bien illustrer également ces thèmes, visuellement ET thématiquement.

 

Paul and Shani in the sands - Paul attacks Arrakeen

 

Le casting contribue à nous plonger dans cet univers. Le couple formé par Timothée Chalamet (Paul) et Zendaya (Shani) fonctionne bien. Leur histoire est bien amenée, notamment par les scènes dans le désert, comme lorsqu’ils pratiquent ensemble la danse du désert. Villeneuve cherche à nous plonger dans leur intimité en cadrant proche d’eux. Dans la deuxième partie, j’ai beaucoup apprécié que Chalamet démontre un « charisme » contraint qui colle bien à l’histoire de son personnage.
Autour d’eux, il y a beaucoup de monde, parfois pour quelques minutes seulement. Austin Butler est l’ajout de marque de cette deuxième partie, où il interprète Feyd-Reutha. Son introduction, sur Geidi Prime, avec ses tons bicolores (noir et blanc), est très réussie. Il affiche en peu du temps du charisme et un sadisme qui donne un peu d’épaisseur à la maison Harkonnen, particulièrement fade dans cette seconde partie. C’est un des problèmes du film, qui ne parvient pas à rendre la menace adverse très impressionnante, vu le peu de temps qu’il peut y consacrer. De fait, le nœud autour de l’intrigue principale de la lutte pour l’Épice est réglée par une sous-intrigue (les ogives Atréides) aussi mal amenée que décevante.
La maison impériale est présente via la princesse Irulan (Florence Pugh) et l’Empereur (Christopher Walken). Si la première se défend très bien malgré une maigre présence, Walken est très monolithique et n’a pas le temps de nous montrer l’étendue de son talent, ce qui est dommage.
Les deux autres membres du casting dont on profite le plus sont Rebecca Ferguson (Dame Jessica) et Javier Bardem (Stilgar). La première donne à son personnage une détermination très différente du premier opus. Elle en fait une Bene Gesserit puissante, quasi fanatique, qui offre quelques scènes sombres. A l’inverse, le fanatisme de Stilgar quant au mythe d’un prophète est presque amusante. Pourtant, elle est simple et sincère, ce qui accentue l’aspect touchant du personnage.

 

Paul becomming South Messia - Worm army

 

J’ai cherché pendant longtemps à comprendre pourquoi j’aimais ce Dune deuxième partie sans m’enthousiasmer, comme pour la première partie. Est-ce son trop plein, qui l’oblige à utiliser l’ellipse et à abréger le rôle de certains personnages ? Le fait que ce ne soit finalement que la deuxième partie d’un même film, alors que tous les espoirs pouvaient naître des promesses de ce second opus ? Je ne sais pas trop. D’autres visionnages seront nécessaires.
Ce que je sais en tout cas, c’est que j’ai pris beaucoup de plaisir à arpenter Arrakis. Ce qui peut rebuter chez Villeneuve m’attire beaucoup : un cinéma visuel, à la recherche de la belle image, qui se montre adulte dans son ton dans un premier degré qui me convient très bien. 

vendredi 22 mars 2024

Dune 2e partie de Hans Zimmer (2024)

 
 

13 eme épisode de #Ma BO cette semaine


L'album de cette deuxième partie continue la partition d’origine et Hans Zimmer y développe des thèmes déjà connus. C'était écrit, dirait Stilgar ! Il y introduit aussi de nouveaux motifs qui rendent l’écoute plus agréable et structurée.

Le principal intérêt de la partition porte sur le love theme de Dune. Déjà introduit dans le sketchbook via la suite House Atreides, il a droit à sa propre suite ici : Beginnings are such delicates things. D'une durée de près de 9 minutes, elle le reprend comme un long développement du motif original, cette fois joué au Duduk par Pedro Eustache, collaborateur de longue date de Zimmer.
Le thème structure l’album (comme le film) et apparaît à plusieurs reprises : dans A time of quiet between the storms, il est développé de belle manière et se conclue sur un accompagnement au synthétiseur qui rappelle le compositeur Vangelis.
Mais sa plus belle version est Kiss the Ring, version épique à la Zimmer qui illustre les tous derniers plans de Dune deuxième partie. D’abord repris en version douce, il éclate ensuite avec un très beau moment solo du violoncelle électrique. Une soliste vient le reprendre une dernière fois. C’est une très belle version qui colle parfaitement aux images.
Une version finale du thème, où instruments et soliste se cumulent, se retrouve dans les premières minutes de Only I will remain, qui sert de End Credits dans le film.



 

Cette même piste présente également le thème lié à la destinée messianique de Paul, qu’on retrouvera dans les pistes liées à la destinée en général, comme Paul Drinks ou South Messiah.

Mais ce destin est intimement lié aux visions de Paul, il est donc logique que l'on rencontre d’autres thèmes qui reviennent régulièrement lors de l’écoute, dont bien sûr les itérations de Paul’s Dreams, le thème principal de la duologie de Denis Villeneuve.
Il émerge souvent de manière puissante comme à la fin de Harvester Attack ou sur Worm Ride, quand Paul témoigne de ses capacités à s’intégrer parmi les Fremens. Il se fait parfois plus rock/electro comme sur Travel South. On le retrouve avec Loire Cotler sur Resurrection, où il se mélange au thème des Bene Guesserit.
Sa version la plus éclatante reste l’ultime piste, Lisan Al Graib, où une version rock orchestrale se déploie sur plus de six minutes.




De nombreux motifs parsèment l’album, qu’ils soient nouveaux (celui de l’Empire sur The Emperor ou Arrival, l’Epice dans Spice ou Each man is a little war) ou anciens (Les Harkonnens, doublés d’un ajout pour Feyd Reutha introduit sur Harkonnen Arena). Ils aident à structurer fortement l’album, où l’on se surprend à guetter la prochaine apparition, le moment de suspension suivant. 

 

Malgré son aspect electro sound design, Dune deuxième partie se révèle très narratif. Il faut bien sûr en accepter la forme. Le compositeur a opté pour une approche non-orchestrale qui peut rebuter (et je le comprends). Toutefois, dans le film comme en écoute isolée, la BO participe à l’ambiance particulière d’Arrakis, ses nombreux motifs conduisant d’une piste à l’autre un travail dont on découvre peu à peu la construction et la richesse.