L'actu Litté !

Cette interview est intéressante, comme souvent quand il s'agit de "grands manitous" du Milieu...
Par contre je ne vois pas trop la contradiction que souligne Kith. Dans le discours d'Olivier Girard, on ressent son regret de ne pas pouvoir lancer davantage de jeunes auteurs francophones de SF, il a des difficultés à trouver de nouvelles perles et de dignes successeurs à la génération précédentes des Wagner, Dunyach, Ayerdhal, etc. C'est en ce sens que la SF francophone serait "mauvaise", puisqu'elle aurait du mal à se renouveler, à faire émerger de nouvelles voix, à l'inverse de la SF anglo-saxonne. C'est peut-être discutable (je ne connais pas assez la "jeune garde" de la SF francophone pour me prononcer sur le sujet) mais au moins il me semble cohérent dans son discours.

A mon humble avis, c'est pire que discutable. Cette surestimation de la SF anglo-saxonne, qui est de bon ton dans les bistrots mondains, me laisse toujours songeur. On parle ailleurs, sur ce forum, des snobinards de la littérature générale qui jugent la littérature de genre sans l'avoir lue, mais à l'inverse, croire que Ted Chiang est un "auteur" est la preuve qu'on n'en a pas beaucoup lu dans sa vie.

Je sais qu'on me trouve sévère quand je dis ce genre de trucs, mais Bifrost étant un tabloïd minable spécialisé dans le dézingage (et d'un très mauvais goût dans ses coups d'encensoir), je ne vois pourquoi nous serions tenus, nous, à la délicatesse des fleurets mouchetés.

Ce qui me gêne, c'est son ton définitif, en fait : comme il affirmait il y a quelques temps la crainte d'une mort de l'édition de SF, ce n'est pas parce qu'il ne trouve pas d'auteurs écrivant ce qui lui plait qu'il faut repeindre tout de noir.
Que ce soit un temps où peu de manuscrits SF se publient, c'est un fait : pour autant, je me rappelle qu'il y a quelques années, on tenait le même discours sur la Fantasy (où seuls les gros noms anglo-saxons vendaient), ça a pourtant pas empêché de gros auteurs français de s'imposer. Ca demande juste du temps...

Par ailleurs, j'aime bien lire O. Girard d'habitude, hein ^^

Tu es, à juste titre, plus nuancé que moi. Je ne sais pas ce que j'ai, en ce moment, ça doit être la migraine permanente. Les anciens du forum savent pourtant que je suis d'ordinaire un ange de douceur. Allez, un whisky et une bonne nuit de sommeil, et on n'en parle plus.

Tiens, en parlant de Ted Chiang et par association d'idées, ça donne quoi, le nouveau Blade Runner. Y en a qui l'ont vu ?

Je sais qu'on me trouve sévère quand je dis ce genre de trucs, mais Bifrost étant un tabloïd minable spécialisé dans le dézingage (et d'un très mauvais goût dans ses coups d'encensoir), je ne vois pourquoi nous serions tenus, nous, à la délicatesse des fleurets mouchetés.

Je suis entièrement d'accord. D'autant que les auteurs français existent. On ne les publient peut être pas assez parce que l'on attend qu'ils se comportent en auteur français : c'est à dire qu'ils aient un Style. Or beaucoup d'auteurs français ont d'excellentes concepts, d'excellents univers.
Et puis les auteurs ne deviennent pas des génies en un jour. Il faut parfois écrire plusieurs textes avant de commencer à publier de grandes œuvres.

De plus à propos de Girard quelqu'un me faisait remarque que Girard publiait plutôt des auteurs aux idées conservatrices. Ne lisant plus Bifrost depuis des années, je ne sais pas ce qu'il en est. Mais bon connaissant leur sexisme notamment, ça ne me surprendrait pas.

Dans le discours d'Olivier Girard, on ressent son regret de ne pas pouvoir lancer davantage de jeunes auteurs francophones de SF, il a des difficultés à trouver de nouvelles perles et de dignes successeurs à la génération précédentes des Wagner, Dunyach, Ayerdhal, etc.

Pourtant, Timothée Rey, Anthony Boulanger, Phil Becker, Bruno Pochesci, Sylvain Lamur, Emilie Querbalec, autant d'auteurs de valeur, dignes héritiers de la génération précédente mais qui curieusement n'a jamais été publié dans Bifrost. Pire ils ont tous été publié par Galaxies. Et ça c'est rédhibitoire. Tout auteur publié par Galaxies n'a aucune chance d'être publié dans les colonnes de Bifrost ou même au Bélial. Mais ça Girard ne l'avouera jamais. Il garde une rancune à Galaxies qui a publié son premier numéro un mois après Bifrost. Girard espérait être seul sur le créneau pour faire la pluie et le beau temps. Mais il a dû compter avec une autre revue. Et cette guéguerre malsaine dure depuis vingt ans et est franchement rdicule.

Quand la majorité des blogueurs disent que le meilleur roman français de 2016 est Hamour de Bruno Pochesci, roman publié chez Rivière Blanche. Il est clair que Bruno aurait mérité un éditeur plus capé pour être publié.
Je vais publier Antoine Lencou en 2018. Curieusement il a plusieurs romans en réserve mais n'a toujours pas trouvé d'éditeur. Et Antoine est quand même dans le dessus du panier.

Et l'on m'a dit récemment que les textes reçus cette année au pris Le Bussy était de très grande qualité. Ils ont eu du mal à départager les gagnants et surtout à faire un choix parce que le niveau était excellent. Le niveau des textes de Vision du Futur est souvent très bon ( ça dépend des années et des thèmes) aussi d'après ce que l'on m'a dit.
Mais c'est vrai que curieusement sur les anthos, le niveau des textes reçu est meilleur sur les anthos de fantasy que sur celles de SF.

Fabien Lyraud écrit: Pourtant, Timothée Rey, Anthony Boulanger, Phil Becker, Bruno Pochesci, Sylvain Lamur, Emilie Querbalec,

Je ne connais pas tous les auteurs que tu cites, mais j'ai eu l'occasion de dire 100 fois combien j'admirais Sylvain Lamur, son humour pince-sans-rire (ou, parfois, éclatant), son amour à la Marcel Aymé pour les petites gens, la tendresse de certaines de ses nouvelles, qui ne me paraissent pas avoir d'équivalent ailleurs, et j'entends ailleurs au sens le plus large.

Quant à Anthony Boulanger, je mets ses Révolutions du Serpentaire en haut de mon Panthéon de nouvelles de SF, au côté du All you zombies de Heinlein, du The Long Rain de Bradbury et de quelques autres encore. Sa capacité est stupéfiante à créer à chaque fois des univers vraisemblables et passionnants, toujours nouveaux, des univers pour lesquels certains, comme moi, donneraient un bras et qu'ils développeraient toute leur vie, alors que lui les crame en une nouvelle, parce que c'est pas grave, il en a plein d'autres.

Dernièrement, j'ai lu dans Etherval une de ses nouvelles fondée sur l'idée d'une programmation de golems avec des écailles de reptile. Ça semble complètement débile dit comme ça, mais la nouvelle ne l'est jamais, bien au contraire, d'autant qu'au-delà de cet élément se dessine une civilisation, avec ses règles et ses tabous, ses hiérarchies et ses tensions, qui est elle aussi totalement vraisemblable. Il y a plus de talents dans ces quelques lignes que dans les pavés de 1200 pages (édités en poche et déjà achetés par Hollywood) de Justin Cronin, à mon avis, mais bon, chacun ses goûts. Suffit de pas oublier que ce ne sont que des gouts : il faut avoir un melon gros une montgolfière pour s'imaginer que ce sont des vérités indiscutables.

Fabien Lyraud écrit: Et l'on m'a dit récemment que les textes reçus cette année au pris Le Bussy était de très grande qualité.

Je n'en suis que plus désolé du résultat !

Il ne faut pas Jeb

Pour être dans du positif, belle tribune de Pierre Bordage :

www.huffingtonpost.fr/pierre-bordage/pou...possibilites_a_23253

Est ce que vous connaissez des sites dans le même genre qu'Actualitté ?

Non, désolée. À part Livres hebdo mais j'ai vu que tu les avais déjà contactés.
Tu as aussi essayé de contacter des revues comme Lire ou le Magazine littéraire ?