Envie de râler, un coup de déprime ?

En matière d'uchronie, nous autres pauvres écrivains ne pouvons jamais nous aligner avec certains gouvernements. Il faut dire que, même quand on s'amuse à inventer une histoire alternative imaginaire, on essaie de rester crédible. Forcément, on part perdant...

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C'est vrai que la série n'est pas géniale en ce moment !

Je sais que ça peut être pris pour de l'arrogance (à tort : ce n'est pas parce que j'ai bossouillé dessus deux ans que je me considère comme un spécialiste), mais je suis surpris de ce qu'ActuSF dit de l'étude des enfants-soldats dans le bouquin de Card. Personnellement, je trouve Card surestimé, mais je conçois très bien qu'on puisse l'apprécier, c'est affaire de sensibilité subjective. En revanche, je connais une bonne partie de sa série sur les enfants-soldats (j'ai lu La stratégie Ender, La Voix des morts, La Stratégie de l'ombre, L'ombre de l'Hégémon...) et il n'y a rien, absolument rien dans ces livres qui nous parle sérieusement des ado-combattants. On a de tout, dans ces romans, de la philosophie de fac sur l'extranéité radicale des pensées extraterrestres, des considérations psychologiques sur l'équilibre des pulsions au sein d'une psyché donnée, beaucoup de bons gros préjugés WASP aussi (contre les Français, les Portugais, les catholiques, les Espagnols : on sent que tout le monde n'est pas encore sorti du 17e siècle), mais sa vision des enfants-soldats est un pur truc littéraire qui ne s'appuie jamais sur une aucune considération psychologique, aucune étude sérieuse (à sa décharge, je ne crois d'ailleurs pas que Card ait cette ambition).

www.actusf.com/detail-d-un-article/pourq...gie-ender-aujourdhui

De fait, je trouve que l'un des défauts de cet auteur est d'avoir des opinions péremptoires sur des sujets dont il ne connaît rien. J'avais par exemple été surpris par les déclarations stratégiques aussi naïves que fracassantes de La Stratégie de l'ombre : j'ai mieux compris quand l'auteur a expliqué s'être appuyé sur une simple brochure de West Point, ce qui est un peu léger pour devenir un cador. À l'époque, je venais de lire 500 pages consacrées à la seule poliorcétique au 5e siècle avant JC, et j'avais l'impression d'avoir seulement survolé le sujet...

Et c'est reparti pour la 10e année successive de sous-effectifs...

Faut dire qu'on est bien bête. Suffirait de faire comme nos concurrents, de distribuer le boulot à n'importe quel freelance uberisé et d'empocher la différence en glandouillant à la machine à café. Quant à la qualité, ça intéresse qui ces temps-ci ?

Une défection dans vos rangs ou un accroissement de la charge de travail ?

Un stagiaire soigneusement sélectionné et formé par nos soins, mais qui préfère partir faire son M2 que d'accepter notre CDI, "après en avoir longuement parlé avec sa mère et son professeur principal" (qui, à mon humble avis, ont été de mauvais conseil). Rien à lui reprocher, c'est son droit le plus absolu, mais tout le processus de recrutement est à reprendre.

Arf... Pour finir comme pigiste chez Keywords ?

Je ne sais pas trop quelle est sa ligne de raisonnement. Une fois encore, il n'était engagé à rien, donc sa décision est parfaitement honorable, mais nous, c'est reparti pour un tour...

Jeb écrit: "après en avoir longuement parlé avec sa mère et son professeur principal" (qui, à mon humble avis, ont été de mauvais conseil).

Pas facile pour la génération précédente, et même en partie la nôtre d'accepter que le schéma martelé depuis les années 60 en France selon lequel, des études longues sont garantes d'un bon boulot et d'une vie épanouie, d'une part, que les métiers qui ne rapportent pas une blinde, surtout s'ils sont manuels, sont des métiers de ratés d'autre part, est désormais complètement caduque.
En outre, je pense que le phénomène est aggravé dans les grandes villes qui pensent qu'elles sont emblématique du monde qui marche - elles le sont plutôt de celui qui s'effondre, selon moi.
Il est des couches de conditionnement difficiles à décrasser.