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Ça faisait longtemps que je n'étais plus allé farfouiller dans le catalogue de l'Atalante (j'ai tellement de livres à lire déjà), mais j'ai été un peu déçu. Ça tourne un peu en rond, je trouve... Pendant ce temps, Bragelonne s'apprête à encombrer la FNAC avec le 95e volume de Goodkind...
Ce n'est pas vraiment un coup de gueule, mais un étonnement. Chaque lecteur a parfaitement le droit de lire un livre comme il l'entend, et de développer à sa manière sa sensibilité de lecteur. À ce titre, toute analyse d'une histoire faite pour soi est valide, même si elle est totalement subjective. Ce qui me surprend, c'est de voir se répandre chez les gens des théories littéraires extrêmement simplistes qui servent d'appui à des critiques fondées sur l'idée qu'un bon livre doit répondre à des caractéristiques données. On entend de plus en plus souvent parler dans les chroniques Internet de "storytelling" et de "character development", par exemple : ça fait sérieux, on donne le sentiment qu'on maîtrise la technique de l'écriture et qu'on en parle comme Sainte-Beuve. Mais ça n'a aucun sens. Il n'y a pas de "character development" dans L'étranger de Camus ou dans Épaves de Julien Green : c'est le but, précisément. Donc c'est mauvais ? Comment allez-vous faire du "character development" si votre but est de mettre en scène un sociopathe ?
Autre exemple : les personnages doivent avoir pour vous une résonance particulière, sinon ils ne sont pas crédibles. On doit pouvoir "s'identifier". Je viens de lire les critiques de Gold rush de Yu Miri sur Goodreads. Sur les 7 premières critiques, 2 expliquent qu'on ne peut pas "s'identifier" au personnage principal. J'espère bien ! On n'a plus huit ans, pour se prendre pour Luke Skywalker quand on sort du cinéma, si ? Et à qui va-t-on s'identifier en lisant Proust ou Péguy ?
J'aimais mieux l'époque où on disait simplement "j'aime", "je n'aime pas" (avec quelques explications quand même : la dernière critique Babelio sur le recueil Rétro-fictions dit simplement : "navrant". C'est possible, mais on aimerait en savoir plus). Toutes ces histoires de "character development" me paraissent absurdes. Je me souviens d'une série télé qu'un critique Tumblr achevait d'un cinglant : "one way or another, it's poor storytelling", dans un message qui impliquait qu'il existe une manière correcte de raconter une histoire, et qu'il faut s'en tenir à ce cahier des charges.
Je suis d'accord là-dessus, tout comme le fait de vouloir imposer des règles de rédaction (show don't tell, des trucs de ce genre), qui me paraissent sans doute fondées pour assurer le plus petit dénominateur commun du produit vendable, mais à l'encontre de la créativité... Je ne suis pas contre les règles (notamment orthographe, grammaire et syntaxe !) mais il faut aussi suivre ses propres intuitions.
Comme Saint-Saëns disant à Debussy qui lui jouait un morceau (les images ?) : "mais, ça ne respecte aucune règle !" et Debussy de répondre : "peut-être, mais c'est beau".
Ou ma mémoire me trompe.
Bref, les grands principes, oui, les règles trop strictes, non, surtout si elles ne relèvent in fine que de l'effet en vogue à un moment donné.
Personnellement j'ai soulevé le capot du récit pendant 3 ans ( 3 années de sciences du langage avec une forte coloration sémiotique).
Il faut distingue 2 choses : le mode narratif avec son schéma narratif canonique, ses programmes narratifs et sa transformation sémiotique du personnage. Ça marche pour les contes, des récits populaires.
Jacques Fontanille s'est rendu compte que pour certains auteurs ça ne marchait pas. Et il a voulu comprendre pourquoi. Il a développé la sémiotique passionnelle. Caractérisée par les tensions entre les personnages. La plupart des classiques fonctionnent en mode passionnel et la littérature populaire est la plupart du temps narrative. Mais la grande majorité des œuvres de fiction combinent les deux.
Intéressante, comme analyse. Et l'idée que la plupart des œuvres de fiction combinent les deux rejoint mon sentiment : la littérature est mélangée, et faire entrer un récit dans les petites cases d'une analyse stricte prédéterminée est forcément réducteur.
Pff, c'est morne et triste, les 2 janvier tout seul au bureau... Surtout avec de nouveaux clients qui décident pour toi, par des calculs magiques incompréhensibles, ce que tu as le droit de leur facturer, et qui te prennent pour un imbécile quand tu leur poses des questions (l'équivalent serait un bidouilleur pointu d'ordinateurs qui appelle l'assistance utilisateurs pour s'entendre demander s'il a bien pensé à brancher sa machine...)
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