Les illustrations :
Sur ces encouragements, et ayant compris qu’ici on boit des cocktails à l’œil, je donne mon avis sur les diverses couv’ ( celle de la web-revue est carrément ce qui m’a fait ouvrir le pdf, donc j’y reviendrais pas, juste un peu avec la dernière puisque c’est le même dessinateur.)
Entre deux Mondes : Alexandre Dainche.
Elle m’a scotché direct’ par sa maturité graphique. Les couleurs donnent un superbe rendu des matières tels l’acier, la peau d’albâtre de la merrienne, le velouté des nuages, la paille sur le côté. La répartition entre les masses d’ombres et d’éclaircies est superbement gérée, l’air de rien, accentuant l’intensité dramaturgique de cet instant suspendu où apparaît une créature que l’on sent mythique. Un chaos de matière et de lumière s’organisant autour du perso. Après il y a une maîtrise évident du corps humain, qui est finement ciselé, et le dessinateur à le niveau pour même nous transmettre une émotion à travers sa pose, entre grâce, innocence et cruauté. L’illustration nous envoûte et est carrément professionnel. Le seul hic ! que j’y ai décelé, ou qui me gène, c’est le rendu des nageoires : on met du temps à comprendre, elle se fondent mal aini que la pierre au premier plan qui avec sa ligne rentre en confusion avec le bord de la falaise et ne démarque pas assez les plans ( et peut-être un problème sur la ligne de fuite de la dîte pierre). Chapeau Alexandre Dainche, j’suis fan, j’crois que dans un webzine seul Alain Mathiot découvert sur outremonde m’avait fait cet effet sur le plan artistique.
Le favori des dieux : Magali Villeneuve.
C’était sans compter, sur ce dessin, qui arrive pour nous achever. Là on se dit "trois sur trois ça fait mal". Bizarrement je connais ce nom d’artiste mais j’arrive plus à mettre de dessin sur le nom. C’est implacable de beauté et c’est encore une fois super pro. Les dessinateurs se sont donnés rendez vous ici pour être inspirés se dit-on( j'parle à mes bières si vous préférez). Les effets sont encore bien rendus : le drapé, le sang si beau qu’on aimerait se couper la main juste pour voir si c'est pareil, l’éclair, le métal de la chaise et la palette en toile de fond, du pourpre au brun. La composition faîtes de ligne verticale qui s’allonge, aligné obliquement ( guépard, l’homme sur le trône, femme en toge ensanglantée ) impose une noblesse à l’espace. L’éclair, élément de chaos, casse cette perfection pour mieux la relevé, il prolonge la femme subtilement. Elle nous conte ainsi une histoire riche cette image que l’on peut lire de divers manières tant le lien visuel unissant les trois protagonistes est fort. D’autant plus riche et intrigante qu’il y a une tension à tous les niveaux : ils sont différents sans lien apparents (animal, homme à l’aspect vénérable, femme mystique) ; ils sont campés dans des positions qui ne se renvoient pas l’un l’autre bien que la compo les unis de biais ; enfin leur regard dirigé dans différentes directions ( au début je pensais que celui du milieu regardait par terre, bref tans pis, je laisse ) ; de l’ombre à la lumière. Bref, ça exploite à fond le potentiel chaque élément représentée. Re-Bref je me suis raconté plein d’histoire avant de lire l’histoire, et ce talent de composition visuel est rare et l’artiste nous offre une fresque romaine moderne.( seul hic ! bien que j’aime les corps, quelque chose me chiffonne sur le torse du dieu au milieu, mais je crois que c’est à la couleur que ça s'est perdu en voyant le step by step). Re-re-bref, respect!
47 – Olivier.
D’un cran technique en-deça, cette illustration a un charme indéniable qui ne jure pas avec le reste. Japonisante, elle est imprégnée d’une ambiance très « pulp ». Même Le visage avec ses traits imparfaits, son manque d’harmonie nous rappelle le style manga, hachuré et dur comme il est parfois. Le 47 assumé au milieu de nulle part en rouge, renforce cette atmosphère. Les sabres dégainés, lumière et obscurité très marqué, les lames, la lune, le temple en ombre sur la falaise, le sabre de profil du samourai en premier plan : tout y est ! L’illustrateur réutilise à bon escient tous ses codes, intensifie l’action et la tension de la scène, tel un moment de série b sacralisé.
L’espoir meurt le dernier – Yvan villeneuve
J’attendais le faux pas avec appréhension et j’ai kiffé cette illustration. Déjà bravo pour la couv’ du mag que j’aime énormément, je sais pas pourquoi, ça nous rappelle du warhammer que j’ai pas forcément fait, mais plein de magie et de promesse.
Il est rare de rencontrer de bonne illu sf car souvent c’est de la synthèse froide peu concrète dans les revues( et souvent à la fnac aussi). Ici il y a ce traitement plus « fantasy » (chargé de couleur, presque du crayon de couleur d’ailleurs non ?). L’idée est encore très inspiré, coupé le plan avec la 3D renforce la touche sf. Je trouve que ce dessinateur maîtrise la densité d’une atmosphère, on sent le dessin : la fumée nous étouffe, les vaisseaux y sont engluées, la lumière verdâtre magnifie le visage et l’expression du perso, tout en lui donnant plusieurs couches. J'ai plus de force, je fatigue, mais je suis conquis par les illustrations de ce dessinateur, sa façon de faire.
On est tous d'accord : visuellement "Mots et Légendes" ça claque !
un verre j'ai la langue sèche tavernier