Jour 21 : architecte ou jardinier ?

Comme sur FB, architecte de jardin.

Si je me souviens des amusants podcasts sur l'écriture que j'ai parfois écoutés, c'est par référence à la manière dont on conçoit ses histoires ? Jardinier, on écrit à l'inspiration ; architecte, on fait des plans. Perso, ça dépend : dans un roman court et linéaire (comme Faon ou Les dieux sans visage), je pars d'une idée initiale et je me laisse guider sans savoir au début ce que sera la fin. Si ça devient complexe, comme dans Téra-République, (roman très long, multiplicité des lieux, des personnages, des évolutions psychologiques, des événements et de leur coïncidence chronologique, etc.), alors je fais un plan minutieux, quitte à prendre quelques libertés au fil de la rédaction.

Je crois d'ailleurs que le plan est indispensable au-delà d'un certain niveau de complexité (attention, complexe ne veut pas dire meilleur : il y a de très mauvaises œuvres compliquées, et une gymnopédie, c'est très simple et c'est très beau). Pour reprendre l'exemple de TR, c'est l'évolution radicale de 4 univers totalement différents (Paris high-tech, les Confins, la Ville, le "biotope" de Légion) et de 9 personnages principaux (sans compter les méchants et les nombreux personnages secondaires) dont aucun ne sera à la fin ce qu'il est au début, le tout sur 800 pages, et toutes ces trajectoires indépendantes se dénouent au même moment, à la seconde près, lors de la grande pyrotechnie finale. Je suis tout à fait près à accepter qu'on puisse réussir à faire coïncider tout ça sans papier millimétré (après tout il y a des maîtres qui font 10 parties d'échecs en même temps et Napoléon dictait 20 lettres à la fois), mais pour un auteur moyen comme moi, le plan me semble indispensable.

Donc, "architecte ou jardinier", je ne crois pas que ça dépende de l'auteur, mais de l'histoire.

Jeb écrit: Donc, "architecte ou jardinier", je ne crois pas que ça dépende de l'auteur, mais de l'histoire.

Très bien dit. Je me retrouve totalement dans cette phrase.

Pour moi, ce serait architecte paysagiste du coup
A chaque fois que je commence un projet, j'ai toujours un début et plus ou moins l'idée de la fin. Après cela dépend de l'écrit en lui même.

Pour les AT, avec nombre limite de signes, je dois avoir une certaine rigueur et savoir exactement ou je vais pour entrer dans les objectifs fixés par l'éditeur.

Après il y a ce que j'appelle les petits projets. Des histoires que j'écris sous forme manuscrite pour me faire plaisir et ou je n'ai qu'un début et une vague idée de la fin. Fin que je atteints d'ailleurs quasiment pas mais qui m'aide à améliorer mon écriture et/ou des mondes que je veux mettre en place.
Les "projets vacances" que j'écris sur le PC et qui servent à me détendre et ou je vise (à la louche) 200 000 signes.

Puis il y a les gros projets (manuscrite ou sur PC). Ceux qui, comme l'a dit Jeb, demande de savoir exactement ou l'on va avec chaque personnage. Je n'ai pour l'instant pas réussi à aller au bout d'un tel projet (désintéressement dudit projet ou juste blocage dans l'avancée à cause de la direction prise). Là souvent ce qui arrive c'est que je pars un peu dans tous les sens d'un point de vue histoire mais j'ai plusieurs pages de notes sur l'environnement de l'histoire, sa diégèse et un peu sur son histoire (pour éviter de donné deux dates sur un même événement )
Même si je n'arrive, pour l'instant, jamais à aller loin dans ce genre d'écris, je me retrouve avec des éléments qui peuvent me servir pour d'autres projets, que ce soit nouvelles ou roman moyen.

Oui, je suis d'accord, de mon expérience, rien n'est jamais perdu de ce qu'on écrit, même si on ne l'utilise pas directement ensuite.

J'ai pas mal réfléchi à la question. Il y a quelques années, j'aurais dit jardinière sans hésiter. Maintenant, je me rends compte que plus le temps passe et plus je me transforme en architecte. Je m'en étais déjà un peu rendu compte en écrivant ma nouvelle sur les rubans où je m'étais arrêtée en cours de route le temps de poursuivre mes recherches pour enfin réussir à terminer. Et là rebelote avec ce que je suis en train d'écrire. Je bloque un peu pour commencer la seconde partie précisément parce que je suis partie la fleur au fusil.
Donc architecte au moins pour l'univers, les personnages et les grandes étapes de l'histoire.

Jeb, vu comment tu en parles, ça donne vraiment envie de lire Téra-République !

Je me retrouve un peu dans ton témoignage : j'ai changé de méthode et j'ai évolué au fur et à mesure, face aux difficultés que je rencontrais.

Merci pour Téra-République. J'espère que le film vaudra la bande-annonce !