— Serge de La Torre, qui êtes-vous ?
— Le saurais-je que je n’aurais plus à écrire ?
— Écrivez-vous donc pour vous connaître ?
— Peut-être, ou en partie du moins. Pour me découvrir. Pour le reste, sans doute est-ce pour le plaisir de cheminer dans les univers clos que j’invente.
— Êtes-vous de ces plumeux qui sont spécialisés dans un style d’écriture type ?
— Me gêne beaucoup le terme de « plumeux », j’ai trop de respect pour la quête que représente l’écriture et le chemin artistique en général. Le thème de ma nouvelle « La Trace » est une image de toute épopée humaine et, à ce titre, également du cheminement littéraire. Née d’un besoin, s’exprimant dans un appel, c’est en fait un long « chemin » de risques, plein d’espérances et de grâces furtives. Un lieu de choix impossibles qui pourtant s’imposent : je connais devant la page, cette énergie intérieure qui pousse en avant et ne dévoile la route que lorsque celle-ci est déjà choisie.
— Avez-vous connu une vie si difficile qu’elle vous fasse écrire la peur de la fin du monde ?
— Nous la connaîtrons tous la fin du monde, du moins du nôtre. L’écrivain, ou plus modestement l’écrivant, connaît les angoisses et les espoirs de tout un chacun. Juste, ces angoisses, il se refuse à ne les vivre que pour lui. Il les transpose, les transfigure, les amplifie, les sublime, les universalise parfois. Il est, selon moi, un héraut qui crie haut et fort — ou du moins essaye — ce qu’il aurait pu ne pressentir que tout bas.
— Quel est donc votre parcours de vie ?
— Rien que de l’ordinaire, aucun miracle à ma naissance et il n’y en aura sans doute aucun à ma mort. Je suis né en Alsace, d’une mère native de la région et d’un père venu du sud de la France porté par la guerre 39/45. Mon grand-père paternel, lui, était originaire d’Espagne, d’où il est venu, au début du siècle dernier, avec sa famille, guidé par la misère et la faim, il avait neuf ans. Je vis actuellement dans la Drôme. J’achève une carrière de directeur d’une grande école : un périple professionnel, tout entier, consacré à l’enfance et, notamment, de nombreuses années, à m’occuper d’enfants en grandes difficultés psychiques. Eux aussi, il nous fallait les guider vers un havre de paix, un utérus de rédemption.
— Croyez-vous qu’une vie explique une œuvre ?
— Je ne parle aucunement d’œuvre lorsque je parle de ce que j’écris depuis quelques années, juste d’un chemin. Mais non, une vie n’explique rien, tout au plus inspire-t-elle. Les premières images de la nouvelle « La Trace », c’est à l’adolescence que je les ai notées et mises en mots, mais à cet âge, je n’étais pas prêt à mener une nouvelle à son terme. Il m’a fallu quarante ans pour la conclure. Juste le temps d’une maturation humaine.
— Diriez-vous que vous n’avez rien écrit entre les deux moments que vous évoquez ?
— Non, bien sûr que non, je ne puis dire qu’une chose. J’ai durant ces années créé les conditions de mon écriture actuelle et j’ai écrit chaque jour, professionnellement avec la jouissance de l’écriture littéraire. J’ai, je crois tout ce temps, fait les formidables détours qui m’ont conduit où je me tiens et d’où j’écris aujourd’hui.
— Quel est le plus grand et le plus significatif détour que vous pensez avoir fait pour écrire ainsi ?
— Je pratique depuis 35 ans l’assise méditative (za zen) et j’ai beaucoup travaillé avec des élèves de C.G. Jung, un maître dans la connaissance de l’âme humaine. C’est bien sûr de ces deux quêtes que s’éclaire ma nouvelle.
— Si tel fut votre passé, quel est votre présent et votre avenir en matière notamment littéraire ?
— Je considère que pour deux années encore, bien qu’écrivant quotidiennement et publiant régulièrement dans le cadre d’une formation à l’écriture de nouvelles, je reste modestement en préparation d’une qualification à écrire comme je le considèrerais bien. Mais je sais que la quête en ce domaine est aussi essentielle qu’infinie. Je ne donne que rarement à lire mes créations actuelles : je prépare un recueil prochain, que j’espère de qualité suffisante pour qu’il soit publié à compte d’éditeur .
— Que souhaiteriez-vous dire à vos lecteurs ? À ceux qui, au-delà de cette nouvelle, voudraient garder un lien avec vous ?
— Que l’essentiel est déjà en eux, de ce qu’ils y cherchent. Qu’ ils peuvent, s’ils le souhaitent me lire dans les « Nouvelles de L’aimant Littéraire » (Newsletter du site), par exemple au mois de décembre 2011 :
http://www.cours-ecriture.org/documents/fichiers_pdf/newsletters/2011/decembre_2011.pdf

Ils peuvent aussi m’écrire à l’adresse suivante :
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