Jeb

J'essaie ! Mais j'ai des fringales de lecture et le boulot qui reprend aléatoirement, c'est dur de tout cumuler ! Mais bon, ce n'est pas à toi que je vais apprendre ça...

L'ennui, quand on fait des plans très détaillés mais qu'on a des idées surnuméraires en cours de route, c'est qu'on se trompe complètement dans ce qu'on croit qu'on s'apprête à faire. Ainsi, il y a deux jours, j'ai commencé une scène de dialogue nocturne que j'évaluais tranquillement à 1500 mots. À peine cette section commencée, l'idée m'est venue de peaufiner le décor afin d'insérer ce dialogue dans un panorama qui soit intéressant "visuellement". Les choses entraînant les machins, voilà que ce refuge nocturne dont l'utilité était exclusivement de servir d'écrin au bavardage devient un complexe spectral et peuplé d'ombres inquiétantes - jusqu'à la découverte d'un nid de... non, j'arrête de spoiler. Et ce n'est pas du remplissage, puisque la scène éclaire une partie de ce fragment de territoire dans lequel se trouvent les héros, justifie une partie de l'évolution psychologique d'un des personnages (évolution qui était prévue dès le départ mais dont je ne savais pas trop comment l'amener) et nous apprend des choses sur le passé de ce monde futuriste sans passer par du didactisme lourd (enfin, j'espère ). Bilan, mon petit dialogue de 1500 mots est d'ores et déjà devenu une nouvelle de 6600 mots et je n'ai pas terminé...

Bref, désolé de ce petit couplet sur mes passionnantes aventures d'écrivain de gare, mais c'est toujours amusant de se raconter les anecdotes de nos titubantes tentatives. Aussi précis que soit son plan, tant qu'on n'a pas rédigé, on ne sait pas ce qu'on va rédiger...

Non, je me suis mal exprimé : je veux dire qu'un simple dialogue s'est enrichi d'un décor, d'un suspense, d'une tension, d'une évolution intérieure, d'une scène d'action, blablabla, et est donc devenu presque une sorte de nouvelle, mais c'est toujours dans le roman. Ma scène d'action finira un peu dans le macabre, du reste. Le genre Damian Wayne (que j'aime bien, mais quand même moins que Colin Wilkes - c'est mon faible pour les orphelins...)



Tu l'attends avec impatience, le bouclage, ou quelque chose va te manquer quand ce sera fini ?

Petit témoignage pour t'encourager dans ta démarche : j'ai lu un seul livre de Nothomb qui, du reste, fonctionnait au niveau de l'efficacité du dialogue, mais dans qui visuellement ne renvoyait rien! Je veux dire que les personnages n'avaient aucune apparence et surtout, le décor autour était, dans mon esprit, un espace blanc!

Nicolas Villain écrit: Petit témoignage pour t'encourager dans ta démarche : j'ai lu un seul livre de Nothomb qui, du reste, fonctionnait au niveau de l'efficacité du dialogue, mais dans qui visuellement ne renvoyait rien! Je veux dire que les personnages n'avaient aucune apparence et surtout, le décor autour était, dans mon esprit, un espace blanc!

Je suis bien d'accord avec toi : il y a bien sûr des exceptions, mais l'une des caractéristiques éminentes de la littérature générale aujourd'hui, qui m'a fait me tourner vers la littérature de genre, c'est cet ascétisme absurde : pas d'introspection, pas de psychologie, pas plus de 200 mots de vocabulaire, de la première personne et du présent de l'indicatif, une traque janséniste, fanatique de tout ce qui pourrait mettre un peu de couleur. Il y a aussi de la littérature de genre stylistiquement pauvre (pas forcément par incompétence : par choix de l'auteur), mais quand on lit Mordred, Même pas mort ou La horde du contrevent, on en a plein les yeux, les oreilles et les narines, et ô surprise, on a de plus un surcroît de finesse psychologique, d'ampleur de narration et d'exploration des relations humaines qu'on n'a plus dans les prix Goncourt (donc cette débauche de style n'est pas gratuite : elle a un sens). La littérature générale d'aujourd'hui, à quelques exceptions près, me navre par son choix fanatique de pauvreté délibérée.

J'ai fini sinon ce matin mon dialogue de 1500 mots devenu une histoire à lui tout seul : 8000 mots finalement... Mais il me semble que ça met un peu de couleurs barbares dans une scène qui sinon aurait fait bavardage intimiste, à un moment du roman où il n'y a pas de place pour l'intimisme.

Du coup, je suis pratiquement à 125 000 mots rédigés dans ce roman, ce qui signifie que j'ai écrit 100 000 mots en six mois presque jour pour jour : j'ai donc espoir de terminer mon premier jet en 2015 au bout du compte !

125 000 mots c'est également la taille de Terre Zéro (dans sa version publiée), et je suis loin d'avoir fini mon roman en cours. Ce sera donc bien et de loin mon plus gros bouquin à ce jour. Reste à prier le dieu des stylos-plumes que ce sera aussi bien que long...

Je suis bien d'accord avec toi : il y a bien sûr des exceptions, mais l'une des caractéristiques éminentes de la littérature générale aujourd'hui, qui m'a fait me tourner vers la littérature de genre, c'est cet ascétisme absurde : pas d'introspection, pas de psychologie, pas plus de 200 mots de vocabulaire, de la première personne et du présent de l'indicatif, une traque janséniste, fanatique de tout ce qui pourrait mettre un peu de couleur. Il y a aussi de la littérature de genre stylistiquement pauvre (pas forcément par incompétence : par choix de l'auteur), mais quand on lit Mordred, Même pas mort ou La horde du contrevent, on en a plein les yeux, les oreilles et les narines, et ô surprise, on a de plus un surcroît de finesse psychologique, d'ampleur de narration et d'exploration des relations humaines qu'on n'a plus dans les prix Goncourt (donc cette débauche de style n'est pas gratuite : elle a un sens). La littérature générale d'aujourd'hui, à quelques exceptions près, me navre par son choix fanatique de pauvreté délibérée.

Ahahah! Je ris devant l'absolue vérité de cette réponse et je pleure à la fois devant cette pauvreté artistique et volontaire de certains que tu décris si bien. Mais englobons cela dans une réflexion plus globale: peut-être que cela vient du vœu de rapidité de de simplicité que la plupart désirent? Aujourd'hui il faut tout tout de suite, et même, parfois (trop souvent) le simple fait d'ouvrir un livre est trop compliqué. Dans ce cas et pour ce genre de personne alors peut-être faut-il mieux qu'ils en reste à Nothom...
Et je te dis oui deux fois: l'une pour la référence historique...(une de plus. Tu es féru d'histoire?) et la seconde pour la Horde (voila un auteur qui m'a transcendé par la force de son écriture et de ses idées). Pour continuer sur Damasio, il m'avait bien semblé reconnaître un peu de Caracole dans ce fifre luttant contre la mort afin qu'elle perde tout Empire!

Oui, peut-être qu'effectivement le petit volume vite lu vite oublié attire : on passe dessus à toute vitesse, c'est l'esprit du temps. C'est très possible en effet. En tout cas, cette littérature aride qui fuit la couleur, ça m'ennuie, personnellement. Et puis faudrait pas s'imaginer que, parce qu'on simplifie, on est forcément dans la pointe sèche : un grand écrivain peut passer de l'orchestre symphonique à la sonate pour violoncelle sans perdre sa puissance d'évocation, mais pour la plupart des écrivains modernes que je lis (et je ne lis pas que des Français ou même des occidentaux), cette simplification mène à la pauvreté, pas à l'épure...

Oui, c'est vrai que la préparation du projet suivant, c'est déjà remettre le pied à l'étrier, avec peut-être moins de stress. Bon, et puis, c'est la fin d'un numéro, c'est pas comme si tu prenais ta retraite ! En tout cas bon courage pour la dernière ligne droite, et pour la phase de transition vers la suite.