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On a été aussi parasité par le phénomène Dantec qui était nettement plus dangereux que Damasio quelque part. Et certains ont été dupe. C'était du niveau Damasio dans le genre je suis partout.
Mais avec un plus haut niveau de conneries quand même.
C'est vrai que son niveau d'exposition médiatique était sans commune mesure avec son talent. C'était l'époque de mon retour à la SF, j'avais mollement suivi ça : corrige-moi si ma mémoire me trahit, mais je me souviens vaguement que, après des succès initiaux excessifs (Les racines du mal était un petit thriller futuriste classique dont le baratin techno-avant-garde était plus gênant que convaincant, et a d'ailleurs très mal vieilli), Villa Vortex avait été annoncé comme LE livre de SF de la décennie. Consternation des fans à la sortie, c'était illisible. La comparaison avec Les furtifs, de ce point de vue, n'est pas absurde, j'ai trouvé, comme beaucoup de lecteurs, que les deux étaient des purges. Et puis, de mémoire, il y a eu ses engagements politiques aussi hystériques que débiles : pas étonnant qu'il soit parti s'exiler en Amérique du Nord, là où les Orson Scott Card et les Dan Simmons se font également remarquer par la délicatesse de leurs sentiments. Lui prétendait s'inscrire dans la lignée de Bernanos et Péguy en s'acoquinant avec des groupes qu'auraient vomi ces deux auteurs, écrire des romans chrétiens en confondant la Bible avec un manuel Windows et une formule de produits stupéfiants, il prenait G. W. Bush pour Jeanne d'Arc, il était complètement barré.
La baudruche est dégonflée depuis longtemps, mais il garde des défenseurs pas très sérieux, me semble-t-il. Sans doute parce qu'il a initié, d'un certain point de vue, ce courant qui me saoule aujourd'hui de la "SF exigeante", i.e. de la SF pas très intelligente pour ceux qui croient l'être.
On est passé du pédantisme de droite dure au pédantisme de gauche dure. On a peut être gagné au change quelque part. Mais ça reste du pédantisme.
À propos des Racines du mal, la presse s'est extasiée à sa sortie : c'était la première fois que la série noire publiait un polar d'anticipation. Les journalistes avaient totalement oublié qu'Emmanuel Errer avait publié dans cette collection prestigieuse, Descente en Torche, 21 un an avant.
Quand l'imposture journalistique construit une réputation.
Quiconque est, comme moi, de formation juridique (jusqu'à la thèse de doctorat, tout de même) et a suivi de près le procès des esclavagistes de FT ne peut pas ne pas s'intéresser à un livre d'opinions et d'analyses écrit par des spécialistes des abus de pouvoir, du droit du travail, des méthodologies modernes de management, en d'autres termes écrit par... C'est une blague ???
Dommage, le sujet aurait pu être passionnant. Mais rien que l'écriture inclusive de la présentation est rédhibitoire pour moi.
Un exorcisme, pourquoi pas ?
Dans son recueil Le voyageur de passage, Sylvain Lamur a écrit une nouvelle remarquable, intitulée Zuhud vs. la nucléa, qui fait résonner dans la plus noire, la plus désespérée des situations, un appel de liberté assez irrésistible. Du hopepunk caché ou latéral, peut-être, mais il me semble que c'en est aussi.
Bifrost fait une numéro spécial sur Thomas Day, qui n'est autre qu'un vieux chroniqueur de Bifrost, aux textes souvent publiés par Bifrost, ou par le Bélial, qui est la maison mère de Bifrost. Il assure d'ailleurs dans cette noble publication le rôle assez déshonorant de débineur fielleux (ce qui le met pour moi dans le même panier que les cireurs de chaussures serviles). Pourquoi aller renifler les collusions, renvois d'ascenseurs, guerres de chapelle et coteries dans les eaux boueuses de la littérature blanche ? Les "vrais" éditeurs SFFF font ça très bien aussi.
Je me trompe ou c'est Thomas Day qui avait écrit ce roman à la fois putassier et couille molle (un rien raciste aussi) qui consistait à flatter les instincts bronsoniens du lecteur en mettant en scène un vigilante tueur de pédophiles, avant de chouiner à la fin que ce n'est pas la solution et que seul le respect du droit sauvera un jour les enfants maltraités par les GAFAM, Nike et Nestlé Pascal Bruckner ? C'était lamentable. Chaque jour qui passe, je me sens plus éloigné de Galligrasseuil, mais aussi des réseaux de l'imaginaire.
Et puis faut voir le style. Cité par Bifrost soi-même : "Le regard bleu de cette femme semblait traverser Zeite sans vraiment s’y arrêter, comme une flèche ralentit à peine en trouant un drap." Franz Weyergans n'aurait pas fait mieux.
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