Jeb

Boucler les corrections, ça encore, ce n'est pas déplaisant : on relit, ce qui est moins fatigant que d'écrire, on écoute ce que nous disent nos lecteurs, on y réfléchit, on modifie ou pas, on peaufine.

Ensuite, trouver un éditeur...

Pendant ce temps, comme notre ami Nicolas, j'ai la chance d'avoir des idées qui affluent. Pour des nouvelles très différentes de ce que je fais d'habitude, et puis pour mon nouveau roman, qu'en attendant mieux j'appelle 7 répons des ténèbres. J'ai déjà une douzaine de pages de carnet remplies de notes. Ça prend tournure !

Depuis je suis passé à 17 pages de notes ! Ca progresse, ça se met en place et j'ai hâte de m'y mettre, mais c'est trop tôt, il faut encore laisser mûrir. Le gros coup de veine, parce que ce n'est pas fait exprès : je me rends compte que si c'est une histoire indépendante de mes deux précédents gros romans (Terre Zéro et celui qui s'appelle pour le moment Toutes les terres mortes, eux-mêmes totalement indépendants l'un par rapport à l'autre), il y a une continuité thématique et une évolution qui fait que tous les trois constituent une sorte de trilogie informelle, une progression cohérente. Ils n'ont rien à voir et pourtant les lire à la suite pourrait donner le sentiment d'une ligne fluide et logique. Je m'explique mal, mais c'est que je dois encore réfléchir à cette question, ce n'est pas encore tout à fait défini dans ma petite tête...

Pour les nouvelles, ce sont des idées qui me sont venues comme ça. Là c'est l'heure d'ouvrir le bordeaux alors je n'ai pas le temps, mais je vous rédigerai une petite bande annonce quand j'aurai deux minutes !

Merci de me rassurer ! J'ai l'impression que ce qui se dégage de mes notes sera en effet cohérent avec ce que j'ai écrit à ce jour, mais avec quelque chose de neuf. Les persos habituels, du moins certains, y seront évidemment, mais dotés de caractéristiques et de tempéraments inédits, et leur importance sera moindre au bénéfice d'un univers qui lui prendra beaucoup plus d'importance et se montrera pour le coup autre que ce que j'écris d'ordinaire. J'ai bon espoir de trouver un ton qui me renouvellera un peu. Et j'ai pris la décision de tout écrire dans l'ordre et sans plan - comme on a eu l'occasion d'en discuter déjà longuement.

Les deux nouvelles que j'ai en tête :
1 - Double nuit - Un petit immeuble qui fut autrefois beau mais qui est aujourd'hui bien défraîchi, dans une ancienne capitale régionale dont la gloire est passée : n'y vivent plus qu'une femme qui élève seule sa petite fille de 6 ans et un étudiant aveugle et en fauteuil roulant (j'ai eu deux camarades de fac qui étaient l'un non-voyant, l'autre paraplégique, là je cumule les deux en un). Infirmière appelée d'urgence un soir à l'hôpital, la mère part en laissant la garde de la petite à l'étudiant. La nuit passe lentement, le jeune homme s'endort à sa table. Un bruit le réveille brusquement. L'apocalypse (genre zombie) a commencé et quelque chose tambourine à la porte de l'immeuble.

2 - Accords de guerre - La Grande Guerre. Les théories musicales servent de base mathématique à des armements nouveaux et, nommés ingénieurs d'artillerie, Ravel et Debussy opposent l'impressionnisme tactique et la polytonalité stratégique au pyro-dodécaphonisme allemand de Schoenberg. Le tout traité de façon absolument sérieuse, comme un vrai récit de guerre.

J'ai conscience qu'en décrivant comme ça les étapes de ce qu'on écrit, ce que l'on a en tête, la manière dont on s'y prend, on doit avoir l'air un peu prétentieux de jeunes auteurs qui se prennent pour Conrad. Mais il ne faut pas le prendre comme ça. On est passionné, on est excité par le désir de se lancer et de progresser, on en parle. Rien que de très simple, et aucune forfanterie...

Merci de tes encouragements. Pour les deux nouvelles, faut que je me trouve le temps de m'y mettre. J'ai pas mal d'idées déjà, mais je laisse mûrir encore un peu. Et pour le roman, tu as raison, je ne devrais sans doute pas me lancer dans un projet si ambitieux avec une méthodologie différente de ce que je fais d'habitude, mais si je vais au bout je pense que l'histoire sera plus complexe dans son ambiance et dans ses thèmes que dans sa structure, qui sera somme toute relativement linéaire. Et, au contraire de mes romans de SF précédents, je voudrais lui donner une atmosphère plus libre, plus rhapsodique, et une écriture plus spontanée pourrait fonctionner. C'est comme ça que j'ai écrit Les dieux sans visage (vivement de travailler sur les corrections de celui-là, tiens, je commence à avoir hâte de le voir en vente ! ) et finalement l'expérience ne m'avait pas déplu. Il est vrai que quand j'ai commencé Les dieux, je pensais que ce ne serait qu'une grosse nouvelle, je ne savais pas que je terminerais à un demi-million de signes ! Et pourtant, comme je voulais à tout prix le faire rentrer dans la limite de taille des Courts-Lettrages de House Made of Dawn, Dieu m'est témoin que je n'ai pas délayé !!

Bah ! On va bien voir ! Au pire, si ça ne vient pas en écriture libre, j'arrêterai et je recommencerai !

Et toi ? L'écriture ? Toujours pas le temps ? Pas le déclic ?