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Une longue conférence de Damasio est disponible ici :
Si d'autres ont le temps de l'écouter pendant leurs insomnies, je serai enchanté d'avoir leur ressenti. Personnellement, je ressors de cette écoute avec une impression, disons, nuancée.
Je suis de ceux qui pensent plutôt du bien de La horde du contrevent, et beaucoup de mal de La zone du dehors, qui est un gros navet : je le trouve aussi faible littérairement que politiquement, alors même que je me sens très en phase avec 90% des opinions politiques de Damasio. Son recueil de nouvelles est du même tonneau, avec des trucs pas mal (c@ptch@) et des concepts indigestes (So phare away). Et je dois reconnaître que la conférence m'inquiète un peu. Damasio y parle beaucoup de ses projets à venir et nous présente des bibles narratives et des univers colossaux, fruits évidents d'un travail énorme, mais dès qu'il commence à résumer l'intrigue à venir de tel roman ou de telle fiction, on tombe dans le nanar. C'est vraiment indigent, enfantin, plein de clichés, limite débile. Bien sûr, ça ne veut rien dire (on peut résumer n'importe quoi de façon nanarde si on s'y prend mal), mais je commence furieusement à redouter que les prochains bouquins de Damasio penchent du côté de La zone que de La horde.
Mes préventions ne sont pas complètement de la spéculation, tout de même. Dans son univers sur les liquides contenant la mémoire des hommes, Damasio a déjà écrit une nouvelle qui a été publiée par Le Monde Diplo. On peut donc se faire une idée.
Non seulement je la trouve assez faible, mais elle semble même une sorte de brochure, de dépliant touristiques pour son univers. L'histoire et les personnages sont des prétextes squelettiques à déployer des idées issues de la bible narrative. Ce qui me fait réfléchir, de mon côté, sur le danger qu'il y a à élaborer des bibles narratives trop complètes. Ne devient-on pas ensuite l'esclave d'un système ? Finalement, si je suis incapable d'écrire une histoire compliquée sans plan, je me dis de plus en plus qu'on a tort de faire des fiches...
Peut-être que le vrai "danger" quand on travaille longuement sur une bible narrative, c'est qu'ensuite on est tenté de l'exploiter à fond. On a sous la main un univers qui fonctionne, qui a touché des lecteurs, peut-être la pression d'un éditeur, et il y a sans doute aussi cette impression de travailler à quelque chose de grand, car notre univers ne se limite pas à un texte ou nouvelle...
Cela me fait beaucoup penser à Misery où Stephen King faisait tuer à son auteur son héroïne pour se libérer de l'obligation d'écrire sur le même personnage à succès.
À mon humble niveau, je sais que le peu de fois où j'ai tenté de bien travailler les fiches de mon univers, j'ai passé plus de temps sur ces dernières qu'à écrire, du coup, l'inspiration s'envolait un peu au risque de ne pas écrire. À mon niveau, ce serait donc mieux de faire les fiches après le premier jet, quitte à devoir réécrire des passages, si je dois mettre de la cohérence ou faire évoluer une partie de l'univers. Mais tout ça, ça reste finalement très personnel et je suis bien incapable de dire qu'elle est la meilleure façon d'aborder l'écriture d'un roman ou d'une saga
Je vais regarder ça prochainement. Cependant je ne suis pas du même avis sur la zone du dehors. Hormis 50 pages au milieu du livre que j'aurais enlevées parce qu'elles sont indigestes j'ai trouvé que ce livre était vraiment bon. D'autant plus qu'il la écrit à 27 ans si je ne me trompe (ce qui me rend encore plus jaloux). J'ai vraiment aimé parce qu'il va au bout de son trip, le livre est visuel, il bouscule le lecteur car l'on adhère à l'avis d'un personnage puis quand ce dernier va trop loin on est dérangé, on ne sait plus quoi penser. Et cela se passe avec tous les perso. On n'arrive même à comprendre le point de vue du "méchant" ce que je trouve fort. Puis, il va au bout des choses, une fois le système tombé il crée des sociétés utopiques qui elles-mêmes se désagrègent prisent dans leur propres contradictions. Il ne tombe pas dans le happy end, il va plus loin. Puis le livre est parsemé d'idées intéressantes. Non vraiment je ne crois pas qu'il mérite de telles critiques.
Bon alors, en ce qui concerne la conférence, je comprends le sentiment mitigé mais je ne jugerai pas à l'avance un tel auteur. Pour ma part, ça me fait toujours du bien de l'entendre, c'est l'un des mecs qui me motive le plus. Par contre je me refuse à faire des fiches et j'avais lu une interview de Damasio il y a longtemps où il disait ne rien faire en amont car "ça assèche le flux" alors les choses ont peut-être changé depuis. Dans mon cas perso, je trouve aussi que de prévoir à l'avance m'empêche de comprendre ce que les perso ont envie de me dire. Voila, bref...
Ah, j'ai oublié de dire que j'ai commencé il y a longtemps le recueil Aucun souvenir assez solide et que je m'étais arrêté entre les deux nouvelles citées plus haut. Je ne peux donc pas les comparer. Il va falloir que je m'y replonge quand j'aurais le temps.
Pas de soucis. Ce que j'avais lu m'avais laissé une impression très mitigée. Je crois qu'il y a des auteurs qui sont bien meilleurs avec un roman qu'avec des nouvelles. Je l'avais trouvé moins visuel, plus flou et moins profond avec cependant un grand respect pour l'imaginaire qu'il a cependant.
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