J'en vois passer, dans mon boulot, des vertes et des pas mûres ! Comme dit Avel, sans que personne ne se dise seulement "Tiens, mais c'est absurde, j'ai dû mal comprendre !" Seulement, désormais, les salaires, parfois élevés, vont aux gens en interne qui font des réunions et gèrent des outils de gestion de demandes de traduction, bref, qui ne servent à rien. Le vrai boulot, la trad, c'est fait par des pigistes sous-payés et sans statut : outre que dans ces conditions, on n'a aucun contrôle sur la qualité des gens que l'on fait travailler, les traducteurs prolétarisés n'ont aucune raison de faire le moindre effort. On peut leur en vouloir de l'indigence de leur formation, pas de leur manque d'enthousiasme. "Nous allons promouvoir la valeur travail !" Avec de la précarité et des baisses de salaire ?
Nous sommes différents, dans ma petite société : nous sommes l'une des toutes dernières boîtes dans notre milieu (et dans le monde) à n'avoir que des traducteurs en interne, expérimentés, payés, en CDI, intéressés aux résultats et même propriétaires de parts de l'entreprise. Du coup, les clients viennent vers nous parce que, par la force des choses, notre qualité de travail est très supérieure. Mais de temps en temps, on est obligé de refuser leur boulot, parce qu'ils veulent nos résultats avec leurs méthodes. Comment ne comprennent-ils pas que nous ne sommes pas meilleurs parce que nous sommes plus intelligents, plus sexys et plus agiles au combat, mais précisément
parce que nous n'utilisons pas leurs méthodes ! Il y a des délais incompressibles si on veut de la qualité, des méthodologies qu'il faut refuser, et n'en déplaise aux conseils d'administration, les êtres humains dignes de ce nom ont des obligations morales lourdes envers leurs employés.
Mais me voilà en pleine éditorial...