Mots & Légendes est à la fois une maison d'édition et un site traitant de l'actualité de l'imaginaire, de préférence des petites structures. N'hésitez pas à venir participer au forum ou découvrir nos livres numériques.
Je viens d'essayer de lire L'ordre du jour, de Vuillard, prix Goncourt 2017, qu'on m'a recommandé parce qu'il mettait en valeur, paraît-il, l'enthousiaste participation des grands groupes capitalistes à l'avènement du nazisme. Je n'ai pas dépassé la page 20, pas pu. Pas pu aller au bout de ces 150 pages très étroites qui doivent représenter 120 000 caractères à tout casser, moi qui, jeune homme, ai lu tout Proust en quelques semaines dans la promiscuité du RER.
C'est interminable bien que très court, c'est plat bien que prétentieux, c'est informe (parce que travailler, c'est pour les ploucs : les vrais auteurs jettent sur le papier ce qui leur vient et ne raturent jamais rien, dans la mesure où ils relisent) : des pages entières pour nous décrire 24 PDG qui débarquent pour une réunion, avec une lourdeur de style pédante qu'entrecoupent les habituelles mise en exergue de bibi (genre "j'écris ce récit et je me demande...") et des considérations de bistrot sur la courbe du temps, les PDG qui meurent sans que leur entreprise disparaisse et l'incertitude de sens des mots.
"Mais une nuit, une voix étrange se glissa par l’entrebâillement de la porte ; son propre cœur lui parut froid, si froid. Ce n’étaient pas les inventeurs de la machine à coudre qui quémandaient des royalties, ce n’étaient pas ses ouvriers qui revendiquaient leur part des bénéfices, c’était Dieu qui réclamait son âme ; il fallut bien la rendre." En plus, il doit se croire spirituel.
C'est vrai que je devrais être vacciné... Je me suis consolé avec le recueil de François Fierobe, à la Clef d'Argent. Ses cabinets de curiosités fantastiques et macabres ne sont pas pour tout le monde, mais c'est d'une écriture raffinée et d'une imagination sans fin.
Elle est snob, mais surtout elle est mauvaise. Si on ne lit pas Echenoz, ça n'est pas parce qu'il est trop intelligent pour nous, pas parce qu'il n'est pas assez commercial, c'est parce qu'il est mauvais. France Culture nous disait dernièrement avec horreur que les gens se détachaient de la "littérature exigeante", en citant ces classiques de demain que sont Houellebecq et Quignard. Si Houellebecq et Quignard sont de la littérature exigeante, alors J.J. Abrams est Orson Welles.
Si je donne 5 romans de Quignard pour une nouvelle d'Anthony, ce n'est pas parce que j'aime plus la littérature populaire que la littérature savante (j'adore les deux et, en ce moment, je suis à la fois dans la dernière anthologie d'Otherlands et dans Balzac), c'est parce que Anthony sait écrire, et Quignard non.
La littérature blanche est celle de l'oligarchie d'aujourd'hui. Et l'oligarchie d'aujourd'hui ce sont des financiers. Ils ne recherchent pas de la littérature hyper lettrée.
Quand l'oligarchie c'était des rentiers lettrés ça donnait Proust. Mais c'était quelque part la même chose. La littérature du groupe dominant. C'est simplement que le groupe dominant était plus lettré, plus cultivé, avait des centres d'intérêt plus riche et varié. Donc on s'en rendait moins compte.
Jean Marc Roberts expliquait en 2007 qu'en blanche il y avait 5 à 10 bons romans par an. Lui, même directeur de collection chez Stock expliquait être obligé de publier de mauvais livres pour sauver une vision de la littérature française.
L'oligarchie ne veut pas d'un développement des littératures de genre. Ce qu'ils pensent être une américanisation du genre. Ils défendent une tradition française de littérature pour l'élite.
Nous utilisons des cookies sur notre site Web. Certains d'entre eux sont indispensables au fonctionnement du site, tandis que d'autres nous aident à améliorer ce site et l'expérience utilisateur (cookies de suivi). Vous pouvez décider vous-même si vous souhaitez autoriser ou non les cookies. Veuillez noter que si vous les rejetez, vous ne pourrez peut-être pas utiliser toutes les fonctionnalités du site.