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Tiens, la fin de l'année me fait penser que je n'ai plus jamais eu de nouvelles du symposium universitaire sur le droit de l'espace qui voulait me confier la conférence d'introduction. Ils ont dû trouver quelqu'un de plus "bankable", comme on dit aujourd'hui dans les milieux artistiques.
Je pars en expédition SNCF, ce qui est aléatoire, et je vais consacrer mes prochains jours à rattraper mes divers retards (administration, courrier, ménage). Je vous souhaite donc d'avance une excellente année, si je n'ai pas le temps de passer avant le 1er !
En fait, tout s'est passé étonnamment bien, il me reste encore quelques papiers lourdingues à remplir, le frigo est complètement vide, et faut quand même que je passe au bureau, si fermé que nous soyons officiellement, mais à ma surprise l'abattage de corvées s'est déroulé aussi bien que la circulation du train (on est arrivé avec 20 minutes... d'avance ! Authentique ! Pour le coup, c'était sans doute l'affichage dans le train qui déraillait...)
En revanche, pas d'écriture avant un bail. Les corvées avancent... à condition de leur consacrer du temps.
Ça fait donc deux fois, avec Noël, que je suis convaincu de ne plus repasser sur le forum avant d'avoir les mains libres, et en fait elles se libèrent beaucoup plus facilement que prévu. La conclusion est donc évidente : je suis un surhomme.
Un professeur de lycée me dit être en train de lire Les Chasseurs noirs.
— J'espère que tu ne t'ennuies pas trop.
— Je ne m'ennuie pas, mais tes héros me paraissent bien mûrs, pour des gamins de 15 ans. Mes élèves ne sont pas comme ça.
Il a raison, bien sûr, en ce sens que tous les personnages de fiction sont stylisés, et donc un peu irréels. Mais je ne les vois pas comme mûrs, moi, mes chasseurs noirs. Ils ont certes acquis dans la dureté de leur existence spécifique une maturité qui n'est pas de leur âge (l'un d'eux, à cause de son éducation, sait même l'exprimer), mais sur certains points seulement. Pour le reste, leur développement est très retardé par rapport à celui d'adolescents qui vont à l'école dans un monde en paix, et il me semble que j'ai tenté de le montrer. Je ne demande qu'à reconnaître que j'ai échoué, bien sûr, mais c'est en tout cas l'une des raisons pour lesquelles j'ai tant de sympathie pour eux.
Cela prouve en attendant que les jeunes héros sont difficiles à mettre en scène, eux aussi, et qu'on n'écrit pas forcément pour les adolescents parce qu'on écrit sur les adolescents...
Le professeur les voit d'une certaine façon et ils ne se montrent pas forcément tels qu'ils sont.
Y'a qu'à voir le décalage entre un groupe d’adolescents qui nous font monter les yeux au ciel et la discussion que l'on peut avoir avec l'un d'entre eux, en face à face, cela n'a rien à voir.
Encore heureux que tes personnages sont plus mâtures, de quoi soi-même (ou les lecteurs plus jeunes) se remettre en question à la lecture. Qu'aurais-je fais à la place de ton personnage ? Serais-je capable d'être aussi courageux ? etc.
ça reste de l'imaginaire, et c'est bien comme ça.
Le même livre avec des personnages collant trop au réel n'aurait pas la consistance que tu veux lui donner, puisque les réactions ne seraient pas les mêmes.
Alors je n'ai pas lu les Chasseurs noirs mais il me semble que la "maturité" des adolescents dépend grandement de l'époque qui les a vu grandir. Pour nous, 15 ans, c'est limite encore des enfants alors qu'à la Renaissance, c'était quasiment des adultes (corrigez-moi si je me trompe, hein).
Donc si c'est dans un contexte de guerre, c'est normal que tes héros n'aient pas du tout les réactions d'adolescents actuels.