Mélaine Naël Legrand

  • Présentation de Mélaine Naël Legrand


    Naël est écrivain dans l’âme, scénariste par choix et épéiste dans ses loisirs. L’univers d’Arawin, monde de son invention, sert de scène à l’essentiel, voire l’intégralité, de ses écrits – ne lui parlez pas d’obsession. Ses sources d’inspiration se trouvent dans les littératures de l’imaginaire qui constituent la majeure partie de ses lectures depuis son enfance, et en particulier dans la fantasy humoristique de l’auteur britannique Sir Terry Pratchett.

     

     

     

    Interview pour la parution de l’anthologie Chevaliers errants

    Bonjour Naël, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
    Bonjour ! J’ai 23 ans, je vis à Paris où je termine une formation de scénariste. J’ai une passion irraisonnée pour les pommes de terre et une autre, beaucoup plus raisonnée, pour l’œuvre de Terry Pratchett.

    Pouvez-vous nous parler du processus d’écriture de votre nouvelle Le Chant du cygne parue dans l’anthologie Chevaliers errants ?
    J’ai écrit cette nouvelle spécialement pour l’appel à textes de Mots & Légendes, dont le thème me parlait d’emblée. J’ai posé quelques premières phrases, afin d’avoir une ambiance, un personnage, un début d’histoire... La fin est venue assez tôt, aussi. À partir de ces éléments, j’ai laissé mon personnage guider l’histoire. Dans l’ensemble, tout s’est fait au fil de la plume.
    D’un point de vue très prosaïque, j’ai fait un premier jet à la main, avant de recopier et corriger le texte à l’ordinateur. C’est une pratique que j’ai tendance à abandonner, faute de temps, mais ça m’a toujours aidé à prendre de la distance après le premier jet.

    Pourquoi ce sujet ? Possède-t-il une valeur particulière pour vous ?
    Que font les héros dans un monde qui ne veut plus d’eux ? Je crois que ce questionnement revient très régulièrement dans mes textes. Parce que, honnêtement, les aventuriers ne sont pas faciles à vivre : ils pillent les donjons, ils tuent toutes les créatures qui passent à leur portée, ils se saoulent dans la première taverne venue, certains lancent des boules de feu à tout va, et ils n’ont aucun talent pour la diplomatie. Les héros sont une catastrophe écologique ambulante.
    Clairement, à la longue, aucune société ne peut supporter de tels individus. On a besoin d’un héros au début, dans un passé glorieux de batailles épiques, de grande magie et de chevalerie... mais après ? C’est cet « après » qui m’intéresse. Ce moment où les aventuriers sont devenus des nuisances, où les dragons se sont éteints, où la magie est une ressource qui se raréfie, où la bravoure a été remplacée par la politique et l’économie.
    Sans dire qu’il m’obsède, le sujet du temps qui passe et des changements qu’il amène se retrouve souvent dans mes écrits. J’aime étudier ces moments de bascule, quand une société laisse place à une autre, et force ainsi tout un monde à se réinventer. Une fantasy sans héroïsme ni héros, désabusée, mais enfin à échelle humaine – cette idée est séduisante, à sa manière.

    Une suite ou une autre histoire dans cet univers est-elle à prévoir ?
    À l’heure actuelle, tous mes textes parus et à paraître se situent dans le même univers. Il n’y a pas de suite directe, mais la protagoniste du Chant du cygne n’est pas à l’abri d’apparaître ponctuellement dans un autre récit !

    Si vous deviez mettre en avant une phrase de votre nouvelle, laquelle choisiriez-vous ?
    « Être un héros était devenu impossible ; tout au plus pouvait-on encore prétendre au statut d’aventurier – piètre rôle qui consistait la plupart du temps à piller des nécropoles et à massacrer d’innocents sangliers. »

    Qu’aimeriez-vous partager avec vos lecteurs ?
    J’aimerais partager l’idée que l’imagination possède une très forte valeur éthique. Ce n’est pas juste une question d’affirmer que ce que nous écrivons, avec la SFFF, n’est pas de la sous-littérature. Non, ça va au-delà : je voudrais mettre en avant l’idée – cruciale, pour moi – que les littératures de l’imaginaire sont capables d’en dire aussi long que n’importe quel autre genre. Je parle sans doute ici à des convaincus, mais j’ai l’impression que c’est quelque chose qu’il faut répéter de temps à autre. Un récit n’a pas moins de fond parce qu’il se situe sur une autre planète ou à une autre époque, parce que la magie ou le surnaturel y interviennent. Et je crois que c’est important de l’affirmer, parce que je trouve ça terrible de devoir se justifier, d’avoir l’impression qu’aujourd’hui encore, il y a un vague mépris envers certaines formes et certains genres.
    Je me permets d’insister là-dessus, parce que j’ai eu un assez long parcours universitaire, et que pas une seule fois j’ai eu à sérieusement étudier un extrait d’un texte qui soit de la fantasy (vaguement de la science-fiction, peut-être, en littérature anglophone, et sans doute au moins un texte de fantastique « respectable », mais jamais de fantasy), or c’est quelque chose que j’aurais adoré faire, ne serait-ce que pour m’épargner quelques complexes de légitimité ! Assumons ce que nous aimons lire et écrire.

    Quels sont vos projets d’écriture ?
    Pour le moment, je travaille sur les corrections d’un roman qui devrait paraître l’année prochaine, et j’en réécris un autre pour l’envoyer à des éditeurs. J’ai d’ordinaire plusieurs appels à textes en vue, afin de me concentrer par moment sur des projets plus courts et ponctuels, mais je n’ai malheureusement pas le temps cette année.

    Comment vous est venu le goût de l’écriture ? À quel âge ?
    À en croire mes parents, je prétendais écrire avant de savoir le faire, en gribouillant des lignes au feutre sur mes carnets. Si je veux être plus honnête, je dirais que ma passion pour l’écriture a directement découlé de mon goût pour la lecture. En primaire, j’écrivais de la très mauvaise poésie, et j’ai commencé mon premier roman – de la fantasy, déjà ! – à l’âge de 10 ans. Mais en général, je retiens l’année de mes 14 ans, date clef où j’ai commencé à travailler sur Arawin, le monde où se déroulent désormais toutes mes histoires.

    Comment abordez-vous la création d’un texte ? Comment vient l’inspiration ?
    Je commence généralement par une idée, une envie – que ce soit un personnage, un décor, un embryon d’intrigue ou bien simplement une phrase. Dans un premier temps, j’écris. Cela dépasse rarement un ou deux paragraphes, mais je m’en moque : je pose les premiers mots du texte le plus vite possible. C’est la partie que je préfère, une sorte de création gratuite, décomplexée, libre.
    À partir de cette base, je commence à réellement me poser des questions : de quoi veux-je parler ? Où se situe mon histoire et qui met-elle en scène ? Malgré ma formation de scénariste, la structure est quelque chose que je tends à mettre de côté, qui ne rejaillit que par moments, lorsque je sens que la création m’échappe. Une fois mon premier jet obtenu, je le retravaille. Cela dit, je touche rarement à l’architecture du texte ; j’accorde plutôt mon attention au rythme des phrases, à leur fluidité. Je rajoute aussi compulsivement des notes de bas de page.
    Quant à savoir comment vient l’inspiration elle-même... honnêtement, je n’en ai aucune idée. J’ai toujours plus ou moins voulu raconter des histoires, ma tête est farcie de bribes de récit qui n’attendent qu’une bonne occasion pour sortir. Un bon point de départ, pour moi, peut être un sujet. J’ai participé à de nombreux appels à textes pour cette raison : les contraintes fournissent un cadre à l’imagination, je concentre plus facilement mes idées dans un format précis et autour d’une thématique donnée.

    Quel est votre endroit favori pour écrire ? Avez-vous des rituels ?
    Le meilleur endroit où j’ai jamais écrit est une maison située au cœur de l’Aveyron. Il y a des moutons et des montagnes (et des gens charmants qui supportent que je m’isole pour écrire six ou sept heures par jour), et pas grand-chose d’autre. Mon téléphone ne capte rien, je n’ai pas internet, juste des livres et mon ordinateur. C’est parfait.
    Mais l’essentiel du temps, j’écris où je peux, quand je peux. J’ai longtemps griffonné sur des copies doubles glissées au milieu de mes notes de cours, mais il faut croire que les cours sont devenus plus difficiles à suivre ! L’idéal est à mon bureau, sur mon ordinateur. J’ai tendance à garder à portée de main un mug de thé chaud ou une bouteille d’eau, et à mettre de la musique instrumentale dans mes oreilles. À part ça, rien de particulier.

    Quels sont vos auteurs préférés ? Influencent-ils vos écrits ?
    Je cite son nom à tout bout de champ, mais : Terry Pratchett. C’est un romancier britannique, principalement connu pour son grand cycle des Annales du Disque-Monde, une quarantaine de romans de fantasy, loufoques et foisonnant d’idées. C’est en lisant ses textes que j’ai compris que l’humour et le sérieux n’étaient pas mutuellement exclusifs, et je crois que ça a été libérateur.
    J’apprécie aussi énormément le travail d’Alain Damasio, qui a su me réconcilier avec la langue française et ses potentialités propres. Plus jeune, j’ai beaucoup lu les romans de Pierre Bottero, pour la richesse de son univers et des détails qu’il y met.

    Quelles sont vos autres passions ?
    Côté sport, je pratique l’escrime depuis une bonne dizaine d’années et j’y prends un plaisir croissant. Dans mes autres loisirs, outre l’écriture, je regarde beaucoup de films et de séries, et je joue aux jeux vidéos (on pourrait même dire que ma productivité littéraire est inversement proportionnelle au temps passé sur lesdits jeux !).

    Peut-on suivre votre actualité sur un blog, un site ou un réseau social ?
    J’ai une page Facebook sur laquelle je poste mes actualités en matière de conventions et de publications : https://www.facebook.com/chroniquesarawin/ 

    Pour conclure, qu’avez-vous envie de nous dire ?
    N’ayez jamais peur d’écrire, et si un mot n’existe pas, inventez-le.

    Vous pouvez retrouver la nouvelle de Mélaine Naël Legrand dans notre anthologie Chevaliers errants, disponible sur notre boutique ou sur Amazon.

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    L'anthologie "Chevaliers errants" et ses 412 pages réunissant quinze auteurs autour du thème chevaliers errants/chevaliers noirs est à présent disponible !

    Vous pouvez la retrouver en version papier à 20 € sur Amazon et sur notre boutique. La version numérique est, quant à elle, en prévente à 5,99 € jusqu'au 6 novembre chez la plupart des libraires numériques, notamment 7Switch, Amazon Kindle, Kobo, Bookeen et bien d'autres !

    Anthologie dirigée par Jean Bury, avec les nouvelles de Carl Ansen, Florence Barrier, Olivier Boile, Anthony Boulanger, Kaliom Geefker, Brice Gouguet, Kevin Kiffer, Stéphane Lavenère, Mélaine Naël Legrand, Ambre Melifol, Émilie Milon, J. A. Reeves, Guillaume Sibold, Franck Stevens et Laurence Vigne.

    L'illustration de couverture a été réalisée par Rumyana Zarkova.

    Résumé :
    Qu’ils soient à la recherche de rédemption, porteurs d’un vœu de vengeance inaltérable, serviteurs de la lumière ou dévoués à la destruction du monde : les chevaliers noirs et les chevaliers errants sont réunis dans notre anthologie pour vivre leur plus grande aventure.

    Hommes, femmes, adolescents ; ils servent un idéal ou une obsession, veulent accomplir une mission qui les dépasse ou retrouver quelque chose qu’ils ont perdu... dans tous les cas, ils y consacrent leur existence, et parfois bien davantage.

    Au cours de quinze récits, partagez leur raison de vivre et découvrez l’aboutissement de leurs quêtes !

     

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