"Faon" de Jean Bury
- Kaliom Ludo
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Tu parles de King et justement je trouve qu'à l'époque où je le lisais beaucoup, je retrouvais assez vite mes repères dans ses histoires. Mais je ne pense pas que c'était un défaut, parce que je lui faisais confiance pour me raconter une bonne histoire, et puis aussi quand on aime un auteur, on aime retrouver l'intimité qu'on a pu tisser avec lui lors de la lecture.Jeb wrote: Ça me fait très plaisir à moi aussi, tu penses, mais j'ai un doute sur quelque chose. Je me souviens d'un critique à la dent dure qui avait dit d'un essayiste : "son meilleur texte, c'est le premier qu'on lit de lui". Il sous-entendait que l'essayiste avait des trucs, des procédés, et que la deuxième fois, on ne se faisait plus avoir. Je me demande si ce n'est pas le cas pour Faon. Quand on connaît mes tics, mes personnages de prédilection très "kingiens" (le génie en moins), mes thèmes favoris, on doit se lasser plus vite. Même la personnalité de "la Bête" à l'ouverture du Sarcophage n'est plus qu'une demi-surprise.
En essayant de prendre du recul sur tes textes, parmi ceux que j'ai lus, je crois qu'on s'attend à ce qu'il y ait un ado et un adulte, qu'ils progressent ensemble et qu'il y ait une certaine forme d'attachement entre les deux. C'est ce qui donne le côté humain de tes textes en général.
Mais je trouve que tu sais en tirer parti et par exemple dans Téra-République ou Les chasseurs noirs, tu multiplies les personnages, les destins, du coup, c'est très difficile d'anticiper sur les évènements.
Cela peut donc être aussi une façon de jouer avec le lecteur, vu que tu peux essayer de le prendre à contrepied. C'est ce qui arrive avec Faon (pour moi), ou Les chasseurs noirs où tu parviens à évier le combat qui paraissait inéluctable.
Et pour Téra-République, j'anticipais pas ce dernier face à face, même si je me demandais comment tu allais conclure l'histoire pour ces deux personnages très importants dans l'histoire... C'est dur de pas spoiler :
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- Jeb
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C'est une idée séduisante que tu as, celle selon laquelle avoir ses thèmes et ses personnages récurrents permet de surprendre un lecteur régulier. Après tout, je m'efforce à chaque fois, non seulement de varier mes histoires, mais aussi les univers et les relations qui se développent entre mes personnages "stéréotypiques". Mais j'ai le plus grand mal à voir de l'extérieur si ça fonctionne ou pas. Alors je te sais infiniment gré de tes propos ! Salutations humbles !
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- Jeb
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- El Tigre numero Uno !
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Kaliom Ludo wrote: Même si je me torture beaucoup avec, je doute de tout, je crois que c'est mieux de douter que de prendre la grosse tête. Je crois que la marge de progression est bien meilleure, si on doute, mais qu'on essaye d'avancer, de s'améliorer... Faut juste que le doute ne devienne pas une source de blocage, où l'on n'arrive à rien... Et ça c'est plus compliqué
De ton côté, c'est aussi la clé de ton perfectionnisme, qui fait que lorsqu'on a le plaisir de te confier un manuscrit, on est entre les meilleurs mains possibles. Je suis en train de terminer un très bon Ayerdhal publié chez Hélios par les Moutons électriques. Très agréable lecture. Mais les fautes... Les fautes !
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- Catherine Robert
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- Habitué de la taverne
Autant dire que je me situais en total opposé (mais heureusement, pas complètement seule), car pour moi, fond et forme sont aussi importants. Mais quand tu viens dire que le français dans un bouquin est important, et que si l'une ou l'autre faute peuvent tout à fait être acceptées, il faut que ce soit très limité, tu te fais traiter de dinosaures et d'élitistes qui refusent d'avancer. Lutte des classes, tout ça, tout ça. Que tu veux empêcher les gens d'écrire, que TOUT le monde peut écrire, blablabla.
Le pire, c'est que je ne dis pas ça. Ce que je dis, c'est que tout le monde peut effectivement écrire, mais que celui qui veut mériter le statut d'auteur/écrivain, celui qui vise à publication, il doit maîtriser au maximum son français.
Mais non, ce n'est pas grave de se retrouver, en tant que lecteur, avec un bouquin où l y a des fautes à chaque page. C'est le progrès n'est-ce pas.
C'est le genre de propos qui a tendance à m'énerver, rien que d'y repenser, je bous.
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- Nemain
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- Habitué de la taverne
Catherine, je suis à 100% d'accord avec toi pour ce qui concerne les fautes. Dire que ce n'est pas important, c'est une solution de facilité et de moindre effort. En même temps, dans le cadre d'un ouvrage publié à compte d'éditeur comme celui cité par Jeb, je crois que c'est aussi de la responsabilité de l'éditeur de s'assurer que le texte publié l'est dans une version correcte.
Pour une auto-édition, ça doit être compliqué d'être à la fois auteur et correcteur (c'est humain de ne pas maîtriser l'orthographe et la grammaire sur le bout des doigts, et de prendre du recul par rapport à ce qu'on a écrit). En revanche, dans ce cas, c'est peut-être possible de s'organiser et de faire appel à des beta-lecteurs si on veut publier son livre (question de respect vis-à-vis de son lectorat).
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- Catherine Robert
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- Habitué de la taverne
Mais si je suis d'accord que la responsabilité de l'éditeur est de veiller à proposer un livre autant que possible expurgé de ses fautes, venir prétendre que l'auteur peut zapper cette partie importante de son travail est aberrant. Il y a le respect du lecteur, mais il y a aussi le respect de l'éditeur. Veiller à proposer un texte aussi propre que possible est la moindre des politesses si l'on veut se faire éditer.
Et puis, les éditeurs, des textes, ils en ont bien assez qui leur parviennent, pourquoi irait-il choisir un texte truffé de fautes diverses ? Mais lorsque que j'avançais cet argument, on me répondait que l'idée était plus importante, qu'un éditeur irait donc vers cette fameuse idée fabuleuse. Sans même se rendre compte que vu la pléthore de textes, l'éditeur, il avait le choix de textes bon dans le fond ET dans la forme. Que des idées géniales, d'autres en avaient aussi.
Pour les auto-édités, je peux comprendre (et admettre) qu'il y ait un poil plus de scories que pour l'édition classique. Mais cela ne veut pas dire qu'il faille aller jusqu'à fermer les yeux. L'auto-édité, comme le publié classique, propose une chose à vendre à ses clients. La moindre des choses est de veiller à ce que le travail soit bien fait. Si on ne maîtrise pas assez le français, on n'a pas à vouloir être auteur qui vend.
Quand j'affirme de telles choses (moi ou d'autres), comme je l'ai dit, on se fait sauter dessus par ceux qui voudraient qu'on zappe ce point important qu'est l'orthographe (dans son ensemble). Mais je continue à batailler pour mes opinions à ce sujet. Écrivain est un métier, et comme tout métier, il demande certaines compétences. Non, tout le monde ne peut pas être écrivain, même si tout le monde sait écrire.
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- Amria
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- Jeb
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- El Tigre numero Uno !
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Je vous approuve totalement, bien sûr. Tout le monde fait des fautes. Vialatte, grammairien émérite, laissait parfois passer une faute dans un article. Les lecteurs le lui faisaient remarquer, et il répondait dans l'article suivant que c'était la faute du typographe, qui avait imprimé son article exactement comme il l'avait écrit. Mais, toute blague mise à part, ça ne doit pas être une excuse pour le laissez-aller. Un gymnaste qui a une idée d'enchaînement de génie, mais pas la technique pour le réaliser, il ne finira pas champion du monde...
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- Catherine Robert
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- Habitué de la taverne
Mais c'est faux, écrivain est un métier, un vrai. Ce n'est pas parce qu'on n'arrive pas, pour la majorité, à en vivre, que ça n'en est pas un. C'est un métier qui s'apprend, et dans cet apprentissage, la base, le début, c'est le français. Ensuite, viendra ce qu'on peut nommer le talent.
On peut être mauvais en français et vouloir écrire. Mais dans ce cas, il y a une solution très simple : on étudie, on apprend ou on réapprend. Le français est à la portée de tous (excepté cas particuliers comme les dyslexiques par exemple).
Il n'y a rien de honteux à avoir des lacunes, presque tout le monde en a. Le tout est de ne pas s'en satisfaire en pensant que d'autres passeront derrière toi pour faire ton métier.
Même si je ne suis pas fan et que je préfère le papier, je n'ai rien contre l'auto-édition, je sais qu'il y a pléthore de très bons auteurs qui s'y sont mis, mais ce sont les pseudo-auteurs qui refusent de faire l'effort demandé par le métier qui plombent la réputation d'un support qui pourrait prendre un vrai essor. Et qui se trouvent toutes les excuses du monde pour ne pas reconnaître que le problème vient d'eux : le fond avant la forme, l'éditeur est là pour corriger, ceux qui rouspètent ne sont que des gens qui sont restés dans la vieille école obsolète, des gens qui ne veulent pas de sang neuf, des gens élitistes qui voudraient empêcher les autres d'écrire, des gens qui ont peur du talent des autres (mais quel talent ?), etc.
A force d'entendre/lire de telles inepties, j'en deviendrais presque radicale. J'ai presque envie de leur dire, sans plus aucun gant : tu veux écrire, apprends à écrire, point barre. Tu seras auteur quand tu maîtriseras un minimum ton français.
Alors que je ne suis pas pour décourager les débutants, ou ceux qui ont un peu plus de mal. J'en ai vu passer beaucoup sur l'écritoire. Jamais je ne leur ai dit qu'ils devraient arrêter d'écrire. Non, je suis plutôt du genre à tenter de les encourager, à trouver dans leurs textes encore brouillons les bonnes choses qui s'y cachent. Mais quand j'ai en face des personnes qui refusent de comprendre une vérité aussi simple que : "les éditeurs n'ont pas besoin d'idées géniales sans formes, ils en ont des géniales dans la forme", et qui affirment que ce sont les éditeurs, les vilains pas beaux de l'histoire parce qu'ils refusent des textes mal écrits, ça me rend presque méchante.
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- Kaliom Ludo
- Auteur du sujet
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- Chevalier de Mornétoile
C'est un vaste sujet et je suis en manque de temps pour y répondre aussi bien que ce que je voudrais. Mais je trouve aussi que c'est important de faire des efforts sur son français, de faire attention à ses fautes, de chercher à améliorer ses textes... Je me souviens, avec une certaine honte, des premiers textes que j'ai vu envoyer, parce que justement c'était des textes qui étaient peut-être finis au niveau du premier jet, mais qui n'avaient pas eu le travail de finition nécessaire pour être des envois sérieux.
Pour ma part, j'ai toujours essayé de ne pas tenir du travail de correction sur un texte pour le sélectionner... Mais une mauvaise expérience récente me donne envie de serrer un peu la vis... Parce que si un auteur ne souhaite pas effectuer certaines corrections, on se retrouve fatalement un peu coincé et c'est un peu frustrant de publier une histoire avec des fautes, surtout si on les a remarquées. ça peut aussi (parfois) expliquer certaines fautes que vous remarquez lors de vos lectures.
Toutefois, la majeure partie du temps, c'est pas une surprise, les textes où le travail a vraiment été fait par l'auteur passent souvent plus facilement les sélections que d'autres. Tu résumes assez bien les choses, Catherine. C'est moins prise de tête de prendre un texte corrigé et cela gagne aussi du temps.
Je pense aussi que si on a pour objectif de vendre une histoire, c'est important de l'avoir travaillée en profondeur, d'aller au-delà de ses limites pour offrir un livre de qualité. C'est d'ailleurs l'une de mes plus grandes obsessions, au point que je me dis parfois que je dois abuser à pinailler tout le temps.
Au final, c'est dommage, car cela risque de desservir les auteurs sérieux qui tentent l'aventure de l'autoédition.
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