Cette interview de Jean Bury a été réalisée dans le cadre de la parution de sa nouvelle Tous les robots s'appellent Alex dans le webzine Mots & Légendes 9.
Pourrais-tu te présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
Je m'appelle Jean Bury. Je suis devenu traducteur de jeux vidéo après avoir été scout marin, enfant de troupe, apprenti lapidaire, étudiant en droit et transmetteur OTAN : c'est vous dire si je sais où je vais. Pour le reste, j'aime la musique de chambre du 20e siècle, le free jazz, Thucydide, Annie et Tibbers, les séries B, le whisky et les stylos-plume. J'ai pas mal fumé la pipe aussi, mais j'ai arrêté quand je me suis rendu compte que ça ne suffisait pas pour égaler Simenon et Honegger.
Comment t'est venu le goût de l'écriture, à quel âge ?
Il y a deux ou trois ans, un soir où j'avais terminé ma saison de Star Trek Voyager sans pouvoir me payer la suivante. Du coup, je m'embêtais sec.
Comment abordes-tu la création d'un texte ? Comment te vient l'inspiration ?
Pour être absolument honnête, je raconte toujours la même histoire, alors je ne me suis jamais déboîté une omoplate en cherchant des idées. Je constate tout de même que plus je rencontre des gens, plus j'ai envie d'écrire. Au bout du compte, c'est d'eux qu'on a envie de parler. Des gens.
Peux-tu nous parler du processus d'écriture de la nouvelle Tous les robots s'appellent Alex ? Ce qu'elle représente pour toi ?
Étant un adulte à la ramasse après une enfance studieuse, j'aime bien mettre en scène des adultes studieux qui s'occupent d'enfants à la ramasse : ce parallélisme satisfait mon sens naturel de la symétrie. Je reconnais que, dans cette nouvelle, Alex est vraiment très à la ramasse et Père très studieux. J'ai peut-être un peu poussé, pour le coup.
Quel est ton endroit favori pour écrire ? As-tu des rituels ?
Un seul rituel : le manuscrit à l'encre et en cursive ! J'aime tellement écrire à la plume que je pourrais recopier la newsletter du Conseil Constitutionnel rien que pour le plaisir d'utiliser mes stylos.
As-tu un texte dont tu es particulièrement fier et que tu voudrais nous faire découvrir ?
Pas vraiment : je débute, j'ai encore tout à apprendre. Si je travaille bien, je devrais pouvoir passer caporal dans dix ou quinze ans, comme me disait mon chef de section à l'internat.
Bon, il y aurait bien Rach et Dzenn contre les Microcéphales des Marais, écrit avec ma sœur, ou Du cognac dans les biberons, écrit avec deux amis, mais ces ouvrages ayant disparu dans un bombardement, il faudra que vous me croyiez sur parole.
Quels sont tes auteurs favoris ? Influencent-ils tes écrits ?
En matière de SFFF, ma plus grande influence, c'est Philippe Ebly. Je ne sais pas pourquoi, tout le monde rigole quand je dis ça, pourtant c'est la stricte vérité ! Cela dit, j'ai aussi été marqué durablement par Kaïro, de Kiyoshi Kurosawa, et par Vampyre Nation, qui est le plus beau film métaphysique du monde.
As-tu une anecdote à nous raconter sur ton parcours artistique ?
Lorsque j'ai publié ma première histoire sous mon vrai nom, quelqu'un m'a demandé si j'étais le fils de Brad. Je lui ai payé une bière.
Quels sont tes projets ?
Je travaille depuis presque deux ans sur un roman d'anticipation hors de contrôle, colossal, babylonien, que je lutte pour ramener sous les 1 000 pages. Remarquez, comme ça, si aucun éditeur n'en veut, je pourrais prétendre que c'est à cause de la longueur.
Est-ce que tu possèdes une page perso où l'on peut suivre ton actualité ?
J'en avais une, mais je me la suis fait chourer par un stalker que j'avais engagé pour explorer la Zone. Si vous mettez la main dessus, Mots & Légendes fera suivre. D'avance, merci !
Pour conclure, as-tu un dernier mot à ajouter ?
Les fanzines et la microédition numérique sont des bénédictions pour la littérature de genre que nous aimons : ils prouvent qu'il y a des choses à dire en dehors des grands circuits de l'édition classique. Alors je remercie les auteurs, les éditeurs, les lecteurs, les chroniqueurs qui leur donnent une chance. Et à tous, je souhaite bon vent et mer calme !