Je viens de finir de lire une grande partie de ce qu’il a écrit : les nouvelles de Story of your Life and Others et quelques autres, dont Exhalation et The Lifecycle of Software Objects. Je reste sur une impression étrange.
D’un côté, la matière est très riche. Il traite de concepts originaux, construit des mondes cohérents, différents de la réalité, mais pas gratuitement. Un monde de Chiang, ce n’est pas une planète avec des Zgriuk à ventouses et des Splaf à tentacules, c’est ce que notre monde aurait été si tel ou tel aspect de la réalité avait été différent. Ou c’est ce qu’il pourrait être dans quelques décennies, voire moins. Je ne suis pas d’accord avec tout, et en particulier, je ne partage pas la vision des IA qu’il développe dans The Lifecycle of Software Objects (apparemment pas traduit, donc peut-être pas très connu des francophones ?). Mais quoi qu’il en soit, ce qu’il dit m’intéresse.
D’un autre côté, l’écriture… hummm… Il paraît qu’il est rédacteur technique, eh bien, ça ne m’étonne pas. Une nouvelle de Chiang, du point de vue stylistique, me donne l’impression d’un compte rendu. Pas d’émotions, pas de descriptions, pas de jeu sur la langue (sauf néologismes pour parler de concepts scientifiques, comme la calliagnosie de Liking what you see) : les faits et rien que les faits. En exagérant, j’aurais presque plus envie de les classer comme expériences de pensée que comme ouvrages de fiction. Pour moi ça passe, parce que, de mon point de vue, la matière justifie la lecture. Mais je comprendrais facilement que d’autres ne soient pas de cet avis.
Au petit jeu du je recommande / je ne recommande pas, je dirais que ceux qui lisent de la SF pour le S aimeront, ceux qui en lisent pour le F n’aimeront pas. Après tout, il y a bien de la SF très légère qui se positionne sur le créneau inverse, alors pourquoi pas un auteur sur celui-ci…
