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Show, don’t tell. Je comprends que ça rend le récit plus actif, voire moins laborieux. Mais point trop n’en faut. C’est d’ailleurs le point de vue développé dans l’épisode correspondant de Procrastination : le tell reste un excellent outil et il n’y a aucune raison de s’en priver.
La chasse aux adverbes en -ment. Je veux bien, évidemment, qu’on évite d’en abuser, mais franchement, dans les textes contemporains de SFFF, je vois surtout de l’abus dans l’autre sens, par exemple des tournures extrêmement artificielles du genre « de façon X » pour ne pas écrire « Xment » qui ne m’aurait pas choqué. Quand un adverbe en -ment me convient parfaitement, je l’emploie, tout simplement.
Le haro sur les verbes faibles. Je n’ai pas plus envie que quiconque de lire de la blanchaille où les verbes avoir, être et faire ne laissent guère de place aux autres, mais là encore, parfois, ils conviennent et je ne vois pas de raison pour les remplacer. Surtout si c’est pour mettre à la place constituer, par exemple, qui m’a plusieurs fois sorti de certaines lectures de SFFF récente, parce que non, ce n’est pas un substitut universel pour être.
Ah, et les répétitions ! Bouh, ôtez ces mots que je ne saurais voir plus d’une fois ! Oui, mais non. Là encore, dans la SFFF contemporaine, on use et on abuse de tournures longues et inutiles. Je ne vois pas pourquoi écrire (exemple fictif) « le jeune meunier blond se leva et partit » dans un contexte où l’âge, la profession et l’apparence physique du personnage n’ont pas la moindre pertinence, alors que le personnage a un nom. Oui, ça peut conduire à l’utiliser plusieurs fois par page, et alors ?
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- Jeb
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- El Tigre numero Uno !
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D'accord aussi pour les verbes faibles, bien sûr. Dans la préface de son édition française de l'excellent L'enchâssement, son premier roman, Ian Watson déplore d'avoir utilisé à l'époque trop de verbes d'expression dans les dialogues, au lieu de simplement "dire" et "répondre". Sauf si on veut obtenir un sens très particulier, ou une rythmique/musique spécifiques, on doit mettre l'accent dans les dialogues sur les propos eux-mêmes et sur les didascalies, car c'est ça et ça seul qui est important, et on glisse discrètement un "dire" inodore et invisible que le lecteur ne se rendra même pas compte avoir lu. Quoi de plus ridicule que ces journalistes stagiaires avec leurs :
"Nous devons réintroduire les loups-garous dans les Cévennes !" affirme le ministre de l'environnement. "Nous avons déjà réintroduit les fées, les lutins et les bretzels", énumère la Cour des comptes, inquiète du coût de l'opération. "Cela mettrait en grave danger les pâtres sur échasses", signalent les organisations de défense des enfants.
Tous ces "affirme", "énumère" et "signalent", pour ne pas utiliser "dire", sont ridicules et, quant au style, sentent l'amateurisme à plein nez.
Je ne commente pas plus, pardonne-moi, mais je suis au bureau et je mords déjà sur mon temps de boulot, mais je voulais te dire que tu n'es pas seul dans ton combat.
*Ce qui ne signifie pas qu'il ne faut jamais l'utiliser : tous les outils ont leur utilité, à condition de ne pas en faire un dogme.
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- Oliv
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Jeb wrote: *Ce qui ne signifie pas qu'il ne faut jamais l'utiliser : tous les outils ont leur utilité, à condition de ne pas en faire un dogme.
Voilà, c'est l'évidence même, mais il n'est pas superflu de le rappeler !
Connaître l'adage "Show don't tell" est utile, non pas pour l'appliquer mécaniquement en toutes circonstances, mais pour se rendre compte qu'il existe différent modes de narration et choisir le meilleur en fonction des cas ("Là je vais rapporter cet événement de mon récit en Show, ici plutôt en Tell"...)
Idem pour la traque des répétitions, des adverbes... Ça peut permettre d'identifier des tics d'écriture et d'y remédier, mais ça ne doit pas tourner à l'obsession. Alléger la teneur en adverbes pour les gens qui (et j'en fais partie) ont spontanément tendance à en utiliser beaucoup, ne signifie pas qu'il faille totalement les éliminer, ça n'a aucun sens ! Le coup des "verbes faibles", en revanche, je n'ai jamais trop compris l'intérêt.
Enfin, j'ai l'impression qu'on en est un peu revenu de tous ces trucs... Ou alors c'est que ces dernières années je me suis tenu suffisamment loin de ce genre de débats, ce qui est tout à fait possible aussi.
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- Avel
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Pour le coup, je n’avais pas prêté une attention particulière aux verbes que je mets dans mes incises. J’en ai utilisé toute une palette dans ma dernière nouvelle, celle pour l’AT Frontières d’Imajn’ère. Mais les dialogues y sont quelque peu mouvementés, il faut que ça se sente.Jeb wrote: Sauf si on veut obtenir un sens très particulier, ou une rythmique/musique spécifiques, on doit mettre l'accent dans les dialogues sur les propos eux-mêmes et sur les didascalies, car c'est ça et ça seul qui est important, et on glisse discrètement un "dire" inodore et invisible que le lecteur ne se rendra même pas compte avoir lu.
J’ai aussi exploré une autre direction qui consiste ne pas mettre d’incise. C’est possible si les personnages ont des façons bien différentes de s’exprimer, et aussi en exploitant d’autres façons de dire qui parle (par exemple un personnage fait une action puis un dialogue s’engage : sans incise, le lecteur va supposer que c’est ce personnage qui parle). J’aime bien, mais certains lecteurs y sont moins réceptifs que d’autres, ça s’est vu en bêta-lecture.
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- Jeb
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Oliv wrote: Connaître l'adage "Show don't tell" est utile, non pas pour l'appliquer mécaniquement en toutes circonstances, mais pour se rendre compte qu'il existe différent modes de narration et choisir le meilleur en fonction des cas
Exactement, connaître tout cela, et l'utiliser à bon escient et librement (en fonction de son style propre, dont l'appréciation est bien sûr hautement subjective). Mais j'ai trop lu d'interdits catégoriques dans ce domaine, ça finit par agacer. Sans compter les grandes assertions littéraires générales et arbitraires : "Il faut trois actes dans une histoire digne de ce nom !" C'est pour ça qu'il y en a 5 dans Britannicus ? "Il n'existe que 4 ou 5 histoires depuis l'aube de l'humanité, ce qui différencie les auteurs, c'est la manière de les raconter". Et où on classe Heart of Darkness ? Quiconque répond "la quête" n'a rien compris au livre. Et Madame Bovary ? Quiconque répond "amour" confond l'anecdote avec le sens.
Bref, je suis comme toi : aucun procédé d'écriture ne me paraît devoir être rejeté a priori, mais aucun ne me paraît obligatoire. Quitte à passer pour démodé, j'ai toujours défendu le narrateur omniscient, le passé simple et la 3e personne. Mais j'ai écrit des histoires entières (Et la mort perdra tout empire ou Liberté pour tous) en points de vue subjectifs, à la 1re personne et au présent, comme tout le monde. Dans ce cas particulier, j'ai trouvé que c'était la meilleure manière de faire. Je me souviens même avoir commencé une de mes nouvelles à la 3e personne, ne pas y être parvenu, et avoir enfin franchi l'obstacle en passant à la 1re (Un post-apo en pyjama). Mais si on me dit que le narrateur omnipotent est mort avec Proust et qu'il repose en paix dans le cimetière du 19e siècle, je hausse les épaules.
Pendant ce temps-là, mon boulot se fait tout seul !
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- Jeb
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Avel wrote: Mais les dialogues y sont quelque peu mouvementés, il faut que ça se sente.
Absolument : comme je disais, on peut vouloir insister sur un sens en particulier, et à ce titre choisir un verbe particulier et expressif. Et, comme toi, je m'efforce parfois de mettre un minimum d'incises, elles ne sont pas toujours indispensables, loin s'en faut... sauf, là encore, si je ressens le besoin d'un jeu de scène ou d'une précision particuliers. Mais "dire", "faire", "répondre" fonctionnent très bien, et les traquer systématiquement parce que trop "blancs" me paraît absurde. On n'est plus en primaire, où le but des rédactions est également de développer le vocabulaire et où "être" et "avoir" sont interdits...
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