Jeb

Je suis content si tu le trouves pas si mal
C'est difficile en numérique de savoir si un catalogue vaut le coup ou pas, mais j'ai l'impression que cela donne malgré tout une autre façon de communiquer et de représenter tous ses auteurs. Je pense en refaire un, mais avant je préfère terminer tout ce qu'il y a en cours et surtout cela permettra de donner un peu plus de matière pour faire quelque chose de solide. Avec le retrait des plus anciens webzines, il serait malheureusement un peu vide actuellement.

Tu as déjà pas mal de recul sur la situation d'un microéditeur, du coup, j'imagine que tu es plus modéré dans tes attentes.
Quelque part, pour moi, ce sujet rejoint un peu la cohérence t'envoyer son texte à une maison d'édition qui a une ligne éditoriale en rapport, je crois que c'est important aussi de regarder la taille de la structure à laquelle on envoie son ouvrage. Au moins pour ne pas être déçu du résultat, si jamais on cherche un gros mastodonte éditorial comme Gallimard, par exemple.
Ensuite pour les best-sellers, des fois un livre marche bien, d'autres moins... et quand on les a sélectionnés, on ne sait pas toujours pourquoi. C'est tout aussi décevant pour l'éditeur que l'auteur quand une histoire à laquelle on croit ne fonctionne pas comme on l'imaginait.
Cela ne doit pas être simple de se retrouver dans le viseur d'un auteur pas content, je compatis pour House Made of Dawn et je croise les doigts pour ne pas me retrouver dans la même situation.

J'espère que M&L restera ainsi et que chacun se sentira libre de venir partager ses passions, écrits et coups de cœur ou petites promos. Après une période où je pensais que les réseaux sociaux finiraient par anéantir les petits forums, je suis content de voir qu'on arrive à garder celui de M&L encore actif.

Non seulement actif, mais nous allons avec lui conquérir le monde !

Le pire est que même sur papier et chez des grands éditeurs, les premiers romans en littérature générale plafonnent entre 300 et 500 exemplaires. A quoi s'attendent les gens ? A vendre comme Stephen King, et ce dès la première année ? Tu as raison : quand on s'adresse à une structure donnée, il faut comprendre ce qu'elle est et à quoi on peut s'attendre !

Et puis moi j'aime bien cette ambiance intime, entre nous, tranquilles. On voudrait faire lire davantage les romans qu'on a aimés, bien sûr, et si Guillermo del Toro veut adapter une de mes histoires je ne dirai pas non , mais en attendant on a le plaisir de continuer à écrire, d'être lu par d'autres personnes que notre grand-mère, et on fait des rencontres extrêmement sympathiques. Franchement, il faut n'être jamais content pour se plaindre !

Sans compter qu'il y a des initiatives chez vous autres petits éditeurs SFFF que l'on ne voit pas forcément ailleurs. Par exemple le développement auquel n'auraient jamais pensé les éditeurs traditionnels, en dépit de la nouvelle donne numérique, de proposer des collections d'histoires brèves genre novellas, comme on en voit ici et chez plusieurs autres éditeurs. D'autres choses encore : dernièrement, le patron d'Otherlands m'a fait part d'une idée qui est encore secrète encore qu'en plein développement (donc ce sera sûrement officiel très vite) et qui pousse le concept de communauté bien plus loin d'une façon passionnante. Je suis sûr qu'on en reparlera.

Bref ! Chacun ses goûts, mais je préfère ça à une heure de bavardage sur le plateau d'Apostrophes...

Un vieil ami de fac vient de m'annoncer au téléphone que son fils aîné, mon filleul, avait chouravé et lu Et la mort perdra tout empire (je le trouve un peu jeune, mais je m'incline devant l'autorité paternelle). Apparemment il a été impressionné (à son âge, on est assez vite impressionné), au point d'exprimer ce qu'il ressentait sous forme de dessins que j'ai hâte de voir. Je suis très fier de ce nouveau lecteur !!!

Conquérir le monde comme Minus et Cortex ?
A y regarder, c'est pas si éloigné de ce qu'on tente tous les jours.

Je pense aussi, en m'appuyant sur ton exemple des tirages papiers, qu'il y a aussi beaucoup plus d'auteurs et de parutions que par le passé... et le numérique ne diminuera pas cette tendance. Du coup, cela diminue forcément par rebond les résultats d'un premier ouvrage.
Cela force à être plus patient et s'accrocher aussi en tant qu'auteur.

J'aime aussi cette ambiance, c'est un peu comme le café autour de la machine à café le matin pour papoter de tout et rien... et j'ai du mal à m'imaginer dans une structure plus grosse. C'est un peu pour ça que je suis pas hyper actif sur des Facebook ou autres.

La mention à Guillermo del Toro me fait un peu penser à cette façon dont on rêve de la façon dont prendrait vie nos personnages, avec quels acteurs, la durée du film... C'est quelque chose que j'aimais bien faire quand j'écrivais.

J'ai hâte de voir ce que réserve Otherlands, je crois que l'avantage d'être petit, c'est que cela permet de se risquer à explorer de nouvelles choses. On a moins à perdre que les gros et je trouve qu'il n'y a rien de plus excitant que d'essayer de mettre en place quelque chose qui nous parait nouveau (parfois ça existe ailleurs) et de tenter de résoudre les difficultés qui surgissent.

C'est la classe des dessins pour Et la mort perdra tout empire, c'est une façon de montrer qu'il a aimé le texte, et de lui rendre hommage, qui doit énormément te toucher. Cela me donne encore plus l'envie d'avoir le temps de le lire.

Le tout, comme pour les rats diaboliques, est de ne jamais se décourager !

Il est vrai que des tas de choses rendent la publication compliquée, et notamment, comme tu le dis, la multiplication des titres. Il y a aussi une logique de rentabilité qui n'est plus, comme autrefois, fondée sur le résultat global d'une collection (Ayerdhal a eu des remarques intéressantes à ce sujet dans un numéro de Rêves & Cris) mais la tentative désespérée pour obtenir le jackpot du grand succès de l'année, un peu comme les gros studios de cinéma ou de jeux vidéo, qui préfèrent tout miser sur une licence à succès où on engouffre tout le budget de l'année, quitte d'ailleurs à assécher la diversité des productions (je ne suis sûrement pas le seul à en avoir sa claque des films Marvel et des Assassin's creed ?)

Du coup, que se passe-t-il si on se promène à la Fnac (ou sur la page de garde d'Amazon) ? Les titres mis en avant sur les rayonnages sont ceux dont tout le monde parle déjà partout ailleurs et dont l'adaptation au cinéma est prévue avant même la publication (ah ! le fameux bandeau rouge : "bientôt le film événement !") Moi, je me demande quand même si on met Le trône de fer en avant parce que tout le monde le lit, ou si tout le monde le lit parce qu'on le met en avant. Sans doute un peu des deux. Mais on n'incite pas les lecteurs à l'aventure. Il y a même des cas extrêmes, comme la maison d'édition américaine Full Fathom Five, qui a été fondée dans le but exclusif de fabriquer à la chaîne des best-sellers pour ados, avec tout ce qui va bien de contrats sulfureux, de réécritures commerciales et d'exploitations d'étudiants.

nymag.com/arts/books/features/69474/

Oui, ça me touche beaucoup, les dessins de mon filleul. J'ai hâte de voir ça !

PS : j'ai oublié de te le dire l'autre jour, mais ta proposition d'aide au cas où je créerais un jour ma maison d'édition, si elle ne me surprend pas, est tout à ton honneur ! Merci !

Bonjour,
Votre réflexion sur l'édition est très intéressante.
Je suis très surpris aussi par les auteurs qui pensent vendre des milliers de livres. Pour ma part, j'avais tablé sur 30 exemplaires. Au total nous avons dépassé la cinquantaine. Je connais 28 des lecteurs. Les autres me sont inconnus, ce qui est une très bonne nouvelle. Quand j'en parle avec des camarades qui souhaitent publier, pour eux, c'est un échec que de tabler sur 30 exemplaires ou 50. Ils sont convaincus d'en vendre 1300 (selon eux le seuil pour être considéré comme best-seller dans un genre de niche). Du coup, si 1300 (si le chiffre est vrai) est un best-seller, en vendre 100 c'est déjà pas mal.
Mon éditeur pense basculer son catalogue en numérique (au bout d'un certain nombre de mois en vente papier, le livre bascule en édition numérique et papier, au choix du lecteur). Un peu comme s'il sortait en "poche". Cela ne me choque pas le moins du monde. D'autres râlent car ils ne veulent pas entendre parler du numérique.

Depuis longtemps l'envie de monter une maison d'édition me titille. Une maison numérique qui va s'appuyer pour les lecteurs qui souhaitent une version papier sur un site comme lulu ou theboookedtion. La politique serait de mettre en avant de nouveaux auteurs, certes, mais autour de textes très courts (du genre un chapitre = une page word). Des petits romans d'une quarantaine de pages. Et investir quelques euros pour imprimer des exemplaires afin de choisir des salons (deux, pas plus).

Jeb, je passe commande de ton livre cette semaine (pour le lire pendant les vacances).

Merci ! Ne te sens surtout pas obligé. Y a des bouquins que j'ai écrits et que je ne relis jamais tellement ils me rasent !

Je crois que tu as parfaitement raison concernant les attentes de la petite édition. Etre lu par quelques dizaines d'inconnus à qui on parle sans seulement les connaître, c'est là le vrai plaisir - et il est raisonnable, de surcroît, il ne tire pas des plans plus ou moins absurdes sur la comète.

Et je trouve les débuts de ton livre, qui vient à peine de sortir, très encourageant. Ton éditeur a un site ou toujours pas ?

Je suis d'accord avec toi sur l'absence d'opposition au numérique. Même si je continue à aimer les livres physiques et si j'en commande toujours autant, je n'avais plus autant lu de littérature de genre, surtout hors des sentiers battus, depuis que tout gamin j'étais abonné à ma bibliothèque municipale, l'immortelle Bernheim, avec le plus bel escalier vers les bouquins dont puisse rêver un gosse de 10 ans en short et sandales pour se mettre à l'ombre du soleil des tropiques en compagnie de Jules Verne et de Kipling !

www.barjon.net/article.php?sid=5789

Le numérique, de plus, c'est pratique et c'est moins cher : on peut prendre des risques à 4 euros qu'on ne prendrait pas à 20, et découvrir ainsi des textes qui sinon nous resteraient inconnus. Si on refuse absolument le numérique, c'est qu'on est riche ou qu'on se content de lire ce que l'on sait d'avance vouloir lire. Ou alors on a un très bon libraire à qui on fait confiance, après tout ça arrive.

Ton idée de maison d'édition, ça m'intéresse, tu penses, puisque je joue avec cette idée moi-même depuis un moment. Et tes premières idées me paraissent tenir la route : le roman, c'est très lourd pour une petite structure qui débute, et il y a beaucoup à explorer du côté des textes courts ! Si ce projet progresse de ton côté, n'hésite pas à nous en faire part !

Je suis aussi un peu lassé en ce moment de la pression des films Marvel, autant avant je me réjouissais de voir un film de superhéros arriver à l'écran autant maintenant j'ai l'impression que cela n'a plus le même aspect festif ou nouveau. C'est un peu pareil pour les jeux, ce qui complique un peu pour trouver des jeux sympas avec une bonne durée de vie et originaux.

En matière de films, je suis aussi agacé par tous les reboots qu'on voit, je me demande si ça vaut le coup de rebooter Jurassic Park, Terminator, Star Wars (bon c'est pas un vrai reboot, mais ça sent quand même le reboot) ou Stargate. Avec dans ce cas particulier, un gros ralage de ma part, car j'avais lu que le réalisateur voulait rebooter le film sans tenir compte de la série... pour moi, c'est de l'irrespect envers les fans de la série et je pense que ça ne peut que donner quelque chose de négatif.
C'est dommage de vouloir raconter la même histoire pour la démolir au passage

Je rejoins aussi ton avis sur l’édition, Isangeles, je préfère penser petit, me fixer des objectifs atteignables, plutôt que de rêver à des milliers et des milliers d'exemplaires vendus et d'être déçu. Bon, dans mon contexte, je sais qu'il faudra un nombre minimum de ventes au projet Erem pour que je puisse facilement rebondir vers un autre projet du même type, mais j'ai la sensation que cela reste encore humble par rapport au fait de dépasser les 1000 exemplaires d'un livre.

C'est une bonne idée que ton éditeur prévoie de basculer son catalogue en numérique, j'ai actuellement tendance à ne lire qu'en numérique. J'aime lire sur du papier, mais ma maison est tellement humide que je sais que le livre papier que je prendrai finira forcément abimé... En numérique, cela me donne un peu moins la sensation de gâcher un bel objet et cela me permet d'avoir quand même le plaisir de la lecture. Et puis, j'ai tendance à déménager souvent

Si ton projet progresse et que je peux soutenir/aider à ma façon, ce sera avec plaisir également. Je trouve que l'idée d'avoir la possibilité de se faire imprimer un livre numérique qu'on a aimé est une bonne idée. J'avais beaucoup recherché à une époque, mais sans trouver quelque chose de satisfaisant niveau prix. C'est le problème d'avoir une petite quantité à faire imprimer, ça fait monter le prix à l'unité

Ah, les remakes et reboots ! Cette gigantesque paresse de l'esprit ! On passerait à un truc vraiment nouveau et bien fait, comme quand on va des Sept samouraïs aux Sept mercenaires, pourquoi pas ? Mais là on est vraiment dans une pure logique de licence à exploiter, et même si quelqu'un, dans la boucle, a un bref moment le désir d'un truc original, il sera vite recadré par le cahier des charges ! (Au passage, nous autres tout petits auteurs, on ne nous lit pas beaucoup mais on écrit exactement ce qu'on veut, sans aucune contrainte - j'ai lu des articles sur des machines à best-sellers qui regrettent le temps où ils n'avaient pas un éditeur sur le dos pour leur dire quand, quoi et combien... Ne nous plaignons pas tant et jouissons de ce que nous avons !)

Par ailleurs, en trekkie enthousiaste, j'ai été stupéfait par la débilité insoutenable du reboot (je n'ai vu que le premier des deux films : je ne suis pas maso non plus...) Autant, honnêtement, Star Wars je m'en fous un peu, autant l'expérimentation narrative et les dilemmes moraux de Star Trek transformés en film de glisse sur fond vert interchangeable avec n'importe quel navet SF pour ados (ados qu'on insulte d'ailleurs en leur enfournant ça, car ils peuvent aimer beaucoup plus subtil), type Hunger Games, ça m'a presque définitivement coupé d'Hollywood. Il est vrai que j'ai 45 ans, c'est l'âge où on abandonne la musique orchestrale pour les quatuors à cordes et les films à effets spéciaux pour les histoires humaines à petit budget !

Je pense que, du coup, cette nouvelle pour Star Trek ne doit pas beaucoup te faire plaisir : www.actualitte.com/comics/dc-comics-cont...en-lantern-56186.htm
Je ne connais pas beaucoup Star Trek, mais le mélange me parait déjà casse-gueule.

Je trouve intéressante la réflexion sur l'indépendance des "petits" auteurs, on en parlait avec Hald, en voyant ce qu'étaient devenus des mangas de notre enfance comme Saint Seiya, dont l'auteur a l'air très actif en ce moment pour tout démolir autour de sa licence. À se demander comment ça se fait que personne ne lui dise qu'il est en train de tout casser...
Et dans le même ordre d'idée avec Dragon Ball Z ou apparemment le truc, c'est de sortir un film et à chaque film, les héros gagnent en puissance en changeant à nouveau de couleur de cheveux. En dehors de l'affection que j'ai pour les personnages, je me suis dit que c'était le choix de la facilité. Quand on a des persos installés, un univers connu, on doit bien arriver à pouvoir raconter autre chose... Et le tout sans ressusciter l'un des premiers méchants de la série ?

Pour ça, vive l'indépendance d'écrire ce qu'on veut et de ne pas se soucier de la rentabilité.