Envie de râler, un coup de déprime ?

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17 Oct 2017 16:10 #921 par Oliv
Réponse de Oliv sur le sujet Envie de râler, un coup de déprime ?
Oui, les "critiques au nez fin" snobent la SFFF... Et alors ? L'exemple de Darrieussecq confirme ce que nous savons tous déjà, que cette "littérature française contemporaine" adoubée par la critique germanopratine n'a aucun intérêt, elle n'est qu'imposture et fumisterie. Mais pourquoi de nombreux auteurs et les lecteurs de SFFF recherchent-ils la "respectabilité" dont bénéficie ce genre de littérature ? Par exemple, la volonté récente de quelques éditeurs de SFFF de s'inviter dans les listes du Goncourt me laisse assez perplexe, quand on sait ce qu'est et ce que vaut le Goncourt...

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17 Oct 2017 17:01 - 17 Oct 2017 17:03 #922 par Jeb
Réponse de Jeb sur le sujet Envie de râler, un coup de déprime ?
Oui, pour ce que vaut le Goncourt, je suis d'accord avec toi, c'est comme s'indigner de telle ou telle attribution de Prix Nobel de littérature : c'est prendre le prix Nobel bien au sérieux. Et je t'approuve complètement en ce qui concerne la recherche de respectabilité. Auprès de qui ? Des adulateurs de Houellebecq ? Ce serait comme chercher un satisfecit moral auprès d'un dealer de la rue Saint-Denis.

Cela dit, un prix Goncourt, c'est l'assurance pour un auteur de pouvoir enfin payer ses factures et pour sa maison d'édition de respirer un peu. De ce point de vue, ça se tente. Y a pas de raison que seul Gallimard en profite.

Après, je ne pense pas qu'il n'y ait, en littérature blanche actuelle, que le tout venant encensé par les critiques paresseux et copinés par les comités des prix, tout ce fatras de narcissisme nombriliste et d'auto-fiction, de petites vies bourgeoises sentant le renfermé dans les lambris de l'avenue Mozart, ces "romans chorals" qui se croient importants parce qu'ils brassent mollement de vrais sujets historiques sur trois générations, ce racolage putassier à base d'enfants morts ou martyrs, de camps de concentration, de sujets saignants sur lesquels on n'a pas l'impression que l'auteur a quelque chose à dire, mais plutôt qu'il les utilisent de façon assez vile pour faire sérieux. Il y a, heureusement, au-delà de ça, un panorama beaucoup plus large de littérature générale, avec des auteurs dotés d'un tempérament plus fort. Ils ne sont pas tous Rouard, Zeller ou Nothomb. Je repense aux derniers que j'ai lus : j'ai pris un grand plaisir à Au pays du long nuage blanc de Charles Juliet et si j'émets des réserves solides sur le Paradis noirs de Pierre Jourde, ce n'est pas sur sa finesse psychologique, son sens de la structure ni, jusqu'à un certain point, sur son style.

Maintenant, je dois reconnaître que quand je vais sur le site de ces messieurs de la grande édition parisienne pour lire quelques pages de leurs nouveautés, j'en reviens plus souvent consterné que convaincu...
Dernière édition: 17 Oct 2017 17:03 par Jeb.

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18 Oct 2017 13:05 #923 par Catherine Robert
Je ne lis pas de blanche, donc, je ne lis que très rarement les "grands" éditeurs. Et seuls passent mes réserves des auteurs sfffh. Stephen King en fait. Même si je ne le lis plus vraiment, je continue à l'acheter à chaque sortie.
Ce qui est marrant, c'est que tout le monde sait dans quel genre écrit King, mais rien ne l'indique jamais sur la couverture (à part peut-être un peu l'image ou le titre). Pas de collections sfffh chez son éditeur français. Parce qu'il est l'un des seuls que les "gros" veulent bien publier (car il est "bankable"). Ils crachent donc dans la soupe, mais la boivent si elle peut leur rapporter du pognon.
A l'inverse, les gros éditeurs poche eux ont des collections sfffh et ils les affichent sans honte.
Quant aux prix, quelques qu'ils soient, ils ne veulent pas dire grand chose. Même s'il ne faut pas se cacher qu'en recevoir un, ça fait plaisir à l'égo, qu'on soit de blanche ou pas.

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19 Oct 2017 14:29 #924 par Oliv
Réponse de Oliv sur le sujet Envie de râler, un coup de déprime ?

Jeb wrote: Après, je ne pense pas qu'il n'y ait, en littérature blanche actuelle, que le tout venant encensé par les critiques paresseux et copinés par les comités des prix, tout ce fatras de narcissisme nombriliste et d'auto-fiction, de petites vies bourgeoises sentant le renfermé dans les lambris de l'avenue Mozart, ces "romans chorals" qui se croient importants parce qu'ils brassent mollement de vrais sujets historiques sur trois générations, ce racolage putassier à base d'enfants morts ou martyrs, de camps de concentration, de sujets saignants sur lesquels on n'a pas l'impression que l'auteur a quelque chose à dire, mais plutôt qu'il les utilisent de façon assez vile pour faire sérieux. Il y a, heureusement, au-delà de ça, un panorama beaucoup plus large de littérature générale, avec des auteurs dotés d'un tempérament plus fort. Ils ne sont pas tous Rouard, Zeller ou Nothomb.


Je cite toute la tirade parce que c'est à la fois très vrai et très bien dit : qu'ajouter à cela ? Il est certain que tout n'est pas à jeter dans la littérature générale contemporaine, il y a de belles découvertes à faire, mais malheureusement ce qui est mis en valeur est souvent ce qu'il y a de plus détestable : tout ce que tu décris si bien dans ton post !

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21 Oct 2017 19:13 #925 par Asavar
Alors là je vous rejoins complètement. Travaillant en librairie, ce genre de comportement est journalier (même parmi les libraires malheureusement) et il y a un dédain pour les auteurs qui ne font pas de "la blanche" (la littérature hein, pas la cocaïne :D ).
Le pire c'est que certains auteurs vont même jusqu'à renier écrire de la SFFF par élitisme et pour ne pas qu'on leur colle une étiquette à laquelle ils ne comprennent rien et sur laquelle ils n'ont que des préjugés stupides (et là je pense forcément à "La possibilité d'une île" de Houellebecq et son histoire de clonage).

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23 Oct 2017 09:47 #926 par Jeb
Réponse de Jeb sur le sujet Envie de râler, un coup de déprime ?
C'est un peu triste, mais la première étape, c'est que nous, nous ne soyons pas honteux. En ce qui me concerne, pas une seconde ! :bananeange:

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23 Oct 2017 12:36 #927 par Asavar
Ah mais je suis totalement d'accord avec toi.
Au contraire, j'aime à rappeler que les auteurs de SFFF sont généralement bien plus talentueux que les auteurs de "blanche" et que c'est eux qui devraient avoir honte d'acheter des livres ou les "gens décrivent leur palier" :rubie:
(Ceci est bien sur une caricature de ce qu'est la littérature blanche ;) )

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24 Oct 2017 16:14 #928 par Oliv
Réponse de Oliv sur le sujet Envie de râler, un coup de déprime ?
Voilà, il n'y a aucune honte à avoir à lire, écrire ou publier de la SFFF, ça tombe sous le sens... Et pourtant toutes les démarches visant à légitimer la SFFF auprès d'une certaine intelligentsia me semblent procéder d'une sorte de complexe d'infériorité, qui n'a évidemment pas lieu d'être.

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24 Oct 2017 16:59 - 14 Nov 2017 09:45 #929 par Jeb
Réponse de Jeb sur le sujet Envie de râler, un coup de déprime ?
Je suis entièrement d'accord, ça rejoint ce que tu disais précédemment. "Ouin ! On n'est jamais sélectionné pour le prix Goncourt !" Et alors ? Ça veut dire qu'on ne peut pas lutter avec Weyergans, Houellebecq et Echenoz ? Non, je confirme. On ne veut pas, faut dire.
Dernière édition: 14 Nov 2017 09:45 par Jeb.

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14 Nov 2017 09:46 #930 par Jeb
Réponse de Jeb sur le sujet Envie de râler, un coup de déprime ?
Petite chronique du retour de l'esclavage enfantin sous les latitudes où il avait disparu. J'ai le privilège de vous annoncer que le décret d'application concernant le travail des mineurs en mer vient d'être revu, dans l'indifférence universelle il va sans dire, "afin de prendre en compte les évolutions législatives et réglementaires du code du travail" - ce qui nous dit long sur les évolutions en question. Tout cela concerne, on s'en doute, les dérogations aux durées de travail et au travail de nuit.

Évidemment, c'est très insuffisant, comme nous en avertit sous le titre "Quelques avancées " (sic) le journal Le Marin ("Hebdomadaire de l'économie maritime" (re-sic) : "les partenaires sociaux estiment plutôt avoir été entendus, mais certains souhaitaient aller plus loin dans l’assouplissement". On se demande ce que recouvre ce "plus loin". L'embarquement à 11 ans ? Le droit de fouetter les gosses ? Tant de nobles traditions se sont perdues...

Au passage, la très kawai illustration du même journal, avec son petit mousse blond aux joues roses, est accompagnée d'une légende expressive : "La règlementation ne motive pas à embarquer de jeunes stagiaires". J'espère que tout le monde a compris la subtile allusion ?

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